Voyage fantastique (Le)

États-Unis (1966)

Genre : Aventure, Science-fiction

Écriture cinématographique : Fiction

Archives EEC, École et cinéma

Synopsis

Bénès, inventeur du processus permettant de réduire le corps humain à une taille microscopique durant une heure, est victime d’un terrible attentat. Les chercheurs, impuissants à soigner par des moyens ordinaires son cerveau gravement atteint par un caillot de sang, décident d’envoyer un équipage de cinq personnes à l’intérieur de son corps. Ils prennent place dans un sous-marin atomique qui est ensuite miniaturisé et injecté dans un vaisseau sanguin afin d’atteindre le cerveau par les artères. Commence alors un fantastique voyage…

Distribution

Stephen Boyd : Grant
Raquel Welch : Cora Peterson
Edmond O’Brien : le Général Carter
Arthur Kennedy : le Docteur Duval
Donald Pleasence : le Docteur Michaels
Arthur O’Connell : le Colonel Donal Reid
William Redfield : le Capitaine Bill Owens
Jean Del Val : Jan Benes
Barry Coe : l’assistant de liaison
Ken Scott : l’homme des services secrets
Shelby Grant : l’infirmière
James Brolin : le technicien

Générique

Réalisation : Richard Fleischer
Scénario : Harry Kleiner et David Duncan, d’après une histoire de Otto Klement et Jay Lewis Bixby
Musique : Leonard Rosenman
Photographie : Ernest Laszlo
Montage : William B. Murphy (en)
Décors : Walter M. Scott et Stuart A. Reiss
Durée : 1h40

Autour du film

Dans les années 60, alors que les films de science-fiction connaissent un essoufflement créatif (juste avant que Stanley Kubrick ne révolutionne et revivifie le genre avec 2001), d’autres territoires d’exploration intéressent les studios et les férus d’aventures fabuleuses. C’est à cette époque que la 20th Century Fox se lance dans un pari artistique et technologique plutôt original en faisant du corps humain un espace de tous les possibles et un terrain propice aux élucubrations les plus fantastiques. Encore aujourd’hui, à notre ère du tout-numérique aux frontières toujours plus incertaines, un film tel que ce Voyage fantastique fascine toujours. Car cette production à grand spectacle située dans un univers microscopique alors inédit, au-delà de ses prouesses techniques propres à cette décennie, est guidée par un esprit à la fois naïf et audacieux dans la lignée des œuvres signés par Jules Verne ou H.G. Wells.

Bien sûr, l’argument scénaristique dans Fantastic Voyage est à oublier assez vite puisqu’il ne sert que de prétexte au déclenchement de cette odyssée sous-marine d’un genre nouveau. Ce sont les paysages à la fois oniriques et en quête de réalisme qui retiennent notre attention. Pour diriger cette entreprise tant farfelue que proprement extraordinaire, le studio a misé sur l’un des cinéastes les plus concernés à la fois par les défis technologiques et par l’aventure humaine dans ce qu’elle a de plus noble. Richard Fleischer, grand maître du Cinémascope et réalisateur brillant des formidables 20 000 lieues sous les mers et Vikings, se révèle l’homme de la situation. Les plans et la scénographie qu’il compose, avec l’aide d’une direction artistique ambitieuse, sont d’une beauté fulgurante et parviennent à sublimer ces « paysages anatomiques » alors méconnus des spectateurs. Et sans jamais se départir de cet esprit de découverte propre aux grands explorateurs, Fleischer prend son temps et donne au récit – sur un plan visuel – un rythme lent et presque solennel en phase avec le jeu empreint de gravité des comédiens. A côté d’acteurs sûrs et confirmés comme Stephen Boyd, Donald Pleasence ou Edmond O’Brien, la Fox essaie de capitaliser sur Raquel Welch, brune brûlante et plantureuse, enserrée dans sa combinaison moulante, qui pose devant la caméra de Fleischer la première pierre d’une carrière de sex-symbol. Si son talent de comédienne reste encore à prouver, Welch possède en revanche de nombreux atouts pour flatter le regard. Avant d’affronter des dinosaures dans le kitschissime Un million d’années avant J.C., la voici qui se bat contre des anticorps et des microorganismes tous plus mortels les uns que les autres.

Un autre élément pourrait également expliquer l’investissement du cinéaste dans ce projet. Fleischer, fasciné par l’observation clinique du mal et ses manifestations les plus sombres et souterraines (cf. Le Génie du mal, L’Etrangleur de Boston ou L’Etrangleur de la Place Rillington), a ici la possibilité de s’aventurer dans l’intimité la plus profonde du corps humains et de conférer à ses réactions naturelles la sensation d’un danger permanent. D’autant qu’un autre menace invisible est à l’œuvre, puisque l’équipée est également à la merci d’un saboteur caché dans ses rangs. Le Voyage fantastique est ainsi un magnifique périple, qui réussit à captiver autant par son récit paranoïaque que par sa beauté étrange – qui confine à une certaine poésie visuelle, et fait donc oublier ses quelques défauts. Vingt ans après, la société de production Amblin mettra en chantier une nouvelle variation sur ce thème avec L’Aventure intérieure et, appuyée par des effets spéciaux bien plus réalistes, troquera l’onirisme, le sérieux et la solennité imprimés par Fleischer contre l’humour et l’action trépidante mis en scène par le facétieux Joe Dante. Toutefois, au-delà de représenter une date dans l’histoire du cinéma de science-fiction, Le Voyage fantastique garde encore de nos jours tout son pouvoir d’attraction. DVDClassik