Synopsis
Morph : Selfie
De Merlin Crossingham (1 min 32 – 2014)
Chas découvre le selfie et se livre à une série de poses avant que Morph fasse son apparition…
Morph est le premier personnage récurrent du studio Aardman : ce sont Peter Lord et David Sproxton qui lui donnent vie en 1976… Morph a donc 40 ans ! Morph a récemment fait l’objet d’une nouvelle série de très courts épisodes dont ce film est extrait. De par son histoire, il est aujourd’hui emblématique du studio Aardman.
Une grande excursion
De Nick Park (Grande-Bretagne – 1989 – 23 min. – Aardman Animations)
Wallace et Gromit profitent d’une journée comme les autres quand une pénurie de fromage les pousse à organiser une expédition sur la lune en quête de cheddar. Après avoir surmonté quelques difficultés techniques lors de la construction de leur fusée, le duo fait un atterrissage réussi, à l’heure du déjeuner ! Wallace peut enfin déguster le fromage lunaire avec ses crackers. Mais un étrange robot vient perturber le festin…
Un mauvais pantalon
De Nick Park (Grande-Bretagne – 1993 – 29 min. – Aardman Animations)
Lorsque les problèmes d’argent poussent Wallace à prendre un locataire, la vie devient compliquée pour le pauvre Gromit. Forcé de quitter sa chambre pour faire place au pingouin Feathers McGraw, il ne faut pas longtemps à Gromit pour se sentir délaissé et remplacé dans le cœur de son fidèle compagnon…
Autour du film
Wallace et Gromit : des héros indémodelables
Rendus célèbres grâce aux quatre courts métrages qui leur sont consacrés, Wallace et Gromit ont écrit leur histoire dans le temps, et l’on peut sans trop de scrupules avouer aujourd’hui qu’elle aura marqué plus d’une génération. Si les trois premiers courts métrages sont réalisés entre 1989 et 1995, le quatrième, Rasé de près, est réalisé plus de 10 ans après, en 2008. Entre temps, Wallace et Gromit ont fait l’objet d’une adaptation en long métrage avec Wallace et Gromit : Le mystère du Lapin-Garou (2005). Alors que les précédents films de Wallace et Gromit faisaient déjà référence aux films de genre, Nick Park présente lui-même ce long métrage comme le «premier film d’horreur végétarien». Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En parallèle du tournage de ce film, Nick réalise avec le studio Aardman Cracking Contraptions (anciennement Wallace’s Workshop), une série de 10 épisodes d’environ 2 minutes chacun reprenant le célèbre duo du studio. Consacrée aux inventions improbables et « indispensables » de Wallace, cette mini-série recense des « petits riens » du quotidien et témoigne de nos paresses de tous les matins. Comment se passer de la télécommande ? Comment ne pas se lever de table ?… La série répond à toutes ces questions existentielles. Wallace et Gromit ont donc su traverser le temps, les formats et les genres, gardant cependant toujours cette « pât[t]e » unique qui est la leur et a fait leur succès.
Wallace est un aimable inventeur qui vit avec son chien Gromit. Ils mènent tous les deux une vie tranquille dans leur petite maison du 62 West Wallaby Street. Mais leur maison abrite aussi une collection de drôles de machines fabriquées ou non par nos héros qui sont toujours source de catastrophes drolatiques !
Les machines imaginaires
Le quotidien de nos deux amis est rempli d’inventions destinées à leur simplifier la vie mais dont on peut douter de l’utilité. La machine à s’habiller de Wallace provoque surtout un réveil brutal et un atterrissage douloureux dans son pantalon, et la machine à confiture ne se déclenche pas toujours au bon moment ! Le mauvais pantalon qui donne son nom au film et que Wallace présente comme « le pantalon de la Nasa » est le cadeau d’anniversaire de Gromit pour l’emmener se promener sans son maître… Drôle d’usage pour un pantalon de haute technologie qui sert ensuite à Gromit à peindre son plafond plus facilement ! La machine peut aussi être un personnage à part entière qui alimente l’intrigue. La cuisinière à roulettes dans Une grande excursion est tout sauf une cuisinière : elle est la gardienne de la Lune et recolle les morceaux de « fromalune » coupés par Wallace, se met en colère après nos deux compères et dresse des contraventions ! Elle est donc dotée de sentiments. Elle a l’apparence d’une machine mais n’en est peut-être pas une, à moins qu’il ne s’agisse d’intelligence artificielle… Et enfin la fusée. Bien que construite avec des matériaux simples, Wallace et Gromit poursuivent un objectif ambitieux, celui de voler jusqu’à la Lune ! Mais il apparaît très vite que leur principal souci est d’en faire la réplique de leur salon douillet… Symbole de l’aventure extrême, la fusée devient ici un simple moyen de locomotion pour aller chercher du fromage comme d’autres iraient « aux champignons » !
Le voyage sur la Lune
La fusée de Wallace et Gromit ressemble curieusement à une autre fusée, blanche et rouge celle-là, présente dans les aventures d’un autre couple homme/chien très connu : Tintin et Milou. Les bandes dessinées Objectif Lune et On a marché sur la Lune d’Hergé sont publiées respectivement en 1953 et 1954. Ce n’est que le 21 juillet 1969 que science-fiction et réalité se rejoignent : Neil Amstrong devient le premier homme à marcher sur la Lune. Mais il ne faudrait pas oublier que c’est une chienne qui a été la première créature vivante à voyager dans l’espace. C’était en 1957, elle était russe et s’appelait Laïka ! D’autres auteurs avaient déjà rêvé ce voyage, bien avant Hergé : Jules Verne, qui invente le roman d’anticipation*, écrit en 1865 De la Terre à la Lune dans lequel le président américain décide d’envoyer sur la Lune, avec un immense canon, un obus où trois hommes se trouvent à bord… Ce roman, emblématique du fantasme humain d’aller dans l’espace, va aussi inspirer Georges Méliès, pionnier du cinéma : Le Voyage dans la Lune de 1902 est le premier film de science-fiction avec effets spéciaux !
* Genre littéraire qui propose d’imaginer comment sera notre monde dans un avenir plus ou moins proche. La caractéristique du roman d’anticipation réside dans sa crédibilité.
La galerie de héros des aventures de Wallace et Gromit est composée de personnages insolites. Seul humain de ces histoires, Wallace est également le seul être parlant ; les autres héros sont muets mais ont tous une personnalité très affirmée. Ce sont d’ailleurs eux les véritables moteurs des aventures.
Les héros
Wallace, inventeur prolifique, est un grand amateur de fromages. Il aspire à une vie tranquille. Affectueux, il n’oublie jamais le 12 février, date de l’anniversaire de son chien Gromit, mais manque parfois de clairvoyance dans le choix de ses cadeaux… et de ses locataires. Débonnaire et casanier, il subit l’aventure plutôt qu’il ne la recherche. C’est un héros malgré lui. Gromit est le fidèle compagnon de Wallace. D’un calme olympien, il sert son maître, l’assiste dans ses créations et le sauve des situations les plus périlleuses. Il lit Platon, écoute du Bach et étudie l’électronique, mais peut également apporter le journal et les chaussons comme un véritable chien. C’est le « cerveau » de l’histoire. Feathers McGraw est le nouveau locataire. Mutique et inquiétant, il est en réalité un dangereux malfrat recherché par la police. Manipulateur, il cherche à évincer Gromit et à prendre sa place. C’est un cambrioleur de haut vol capable de trafiquer le « mauvais pantalon » pour mener à bien ses noirs desseins. C’est le méchant de l’histoire. Robot est une drôle de cuisinière à roulettes faite de bric et de broc. C’est un bobby* qui veille sur la Lune et n’a qu’une obsession : en chasser les intrus. C’est le trouble-fête de l’histoire.
* Policier anglais
Les genres cinématographiques
Les genres cinématographiques se croisent avec bonheur dans les aventures de nos deux héros. Nick Park leur créateur s’amuse et joue avec les codes ! Une grande excursion met en scène un homme et son chien qui construisent dans leur cave une fusée de bois et de métal ; on est loin de la réalité d’une technologie de pointe maîtrisée par les plus grands ingénieurs. La poésie réside surtout dans le postulat de départ, jamais remis en question : la Lune est un fromage ! C’est un conte où la réalité n’a pas sa place, seule compte la quête. Un mauvais pantalon mêle les codes du polar, du western, du film d’aventure… L’arrivée d’un pingouin mystérieux provoque l’inquiétude et l’angoisse ; le titre du film apparaît d’ailleurs dans une typographie heurtée digne des meilleures séries B, assorti d’une musique qui installe le suspense… Le pingouin est aussi un personnage de western, armé d’un pistolet à six coups comme les cow-boys, et sa tête est mise à prix ! La scène de la poursuite en train est un morceau d’anthologie qui emprunte également au film d’aventure. Cette longue séquence, dont le rythme soutenu et les multiples rebondissements maintiennent le suspense, se termine sur une note comique par l’emprisonnement du pingouin dans une bouteille de lait ! Julian Nott, compositeur attitré de Wallace et Gromit, propose pour chacune des scènes de genre la musique ad hoc dont celle de la séquence mélodramatique où Gromit, chassé de sa propre maison, part, balluchon rouge à pois blancs sur l’épaule, dormir dans une poubelle !
Pistes de travail
Aardman Animations
Fondé en 1972 à Londres par deux amis d’enfance, Peter Lord et David Sproxton, le studio donne d’abord naissance à de nombreux clips, films publicitaires, séries et courts métrages et se spécialise en 1976 dans l’animation de pâte à modeler. Si certains de ses films sont destinés aux enfants (cible privilégiée des épisodes de Morph), d’autres, plus axés sur des thèmes de société, s’ouvrent à un public plus adulte (Conversation Pieces). Avec son humour et sa sensibilité, le studio parvient à toucher le public et finit par acquérir une renommée internationale en produisant les courts métrages de Nick Park. Ce sont notamment ses films Une grande excursion – premier des quatre courts métrages dédiés aux aventures de Wallace et Gromit – ou encore Creature Comforts (1989), premier de ses films oscarisé, qui feront connaître le studio. L’originalité de leurs productions, la qualité des intrigues et la forte caractérisation de leurs personnages, ont permis au grand public de découvrir une autre technique que le celluloïde. Aujourd’hui, Aardman a réussi à installer sa notoriété grâce à ses fameux longs métrages, en particulier Chicken Run (2000), Wallace et Gromit : le mystère du Lapin Garou (2008) – couronné lui aussi d’un Oscar® -, et le tout récent Shaun le mouton – Le film (2015). Le studio a, sans conteste, participé à la renommée internationale de l’animation britannique. Le succès de l’exposition consacrée à Aardman – par Art Ludique le musée – au printemps 2015 (plus de 120 000 entrées) rend compte de cette notoriété en France.
La saviez-vous ?
Nick Park avait l’intention de faire de Gromit un chien parlant, mais alors qu’il commençait à filmer Une grande excursion, il prit conscience que Gromit pouvait «dire» beaucoup plus sans prononcer un mot. Une grande excursion a été nominé aux Oscars®, mais a perdu face à une autre création de Nick Park : Creature Comforts !
Le journal Daily Telegraph a rendu célèbre la date d’anniversaire de Gromit, en le lui souhaitant publiquement par écrit un 12 février, date à laquelle commence Un mauvais pantalon.
Un mauvais pantalon a remporté plus de quarante prix internationaux, dont un Oscar®, et est considéré comme l’un des courts métrages les plus réussis de toute l’histoire de l’animation.
Créé en 1977 par Peter Lord et David Sproxton dans l’émission Take Hart, Morph a récemment fait l’objet d’une nouvelle série de très courts épisodes dont ce film est extrait. De par son histoire, il est aujourd’hui emblématique du studio Aardman.