Une fresque historique revue par l’imaginaire du conte
Le film suit le cours d’un récit d’apprentissage et d’un conte initiatique, suivant Adama qui, lancé à la recherche de son frère, s’ouvre au monde des adultes en une suite d’épreuves qui symbolisent la perte de l’innocence et son accession à la maturité.
Aux croisements de l’animation et des arts plastiques
Inspiré du parcours d’un tirailleur sénégalais lancé vers le champ de bataille de Verdun, Simon Rouby réussit pour son premier long métrage une mise en scène aux partis pris singuliers, aux croisements de l’animation et des arts plastiques. Ses personnages, modelés en sculpture de terre, scannées et animées en 3D offrent une impression brute à laquelle s’ajoute l’utilisation de liquides magnétiques, au rendu hyperréaliste, pour les scènes d’explosion : les ferrofluides.
+ voir : Les domaines
Réalisme et imaginaire
Dans le film s’opposent le réalisme des images et de la situation historique vécue par Adama à travers la France de la Grande Guerre, et une dimension imaginaire et onirique proche du conte. La réalité historique et l’imaginaire du conte entrent en tension, pour créer un récit dynamique avec d’une part une précision documentaire, d’autre part des visions proches du cinéma fantastique, ou des hallucinations qui permettent de mettre à distance l’insupportable récit de la guerre.
+ voir : Les programmes
Réalisme et authenticité documentaire
Le récit historique balaye, avec un sens remarquable de l’évocation et une grande précision descriptive, plusieurs événements relatifs à la Grande Guerre : l’exil, la France du début du 20e siècle, la tragédie de Verdun, le recrutement des tirailleurs en Afrique. Les personnages évoluent dans de grands tableaux évocateurs, qui ne sont pas éloignés d’une forme de photoréalisme, les plans et les cadrages peuvent évoquer, d’une certaine manière, des images, peintes épousant au plus près l’atmosphère et la topographie , des décors et des milieux reconstitués.
+ voir : Le parcours citoyen
Symboles, présages et montage magique
Le film développe un registre poétique notamment des cadrages sur les yeux d’Adama, des rituels magiques et croyances du village. L’oiseau – dont le cri rompt la cérémonie – puis qui accompagne Adama tout au long du film, fait basculer le récit au cœur des croyances sacrées des Dogons et d’un savoir occulte, fait de symboles et de présages, uniquement accessible à des maîtres initiés.
Masques et illusions
Un motif revient au long du film : celui des masques. Dès la cérémonie du début, l’un des danseurs, qui incarne le génie initiateur, porte un masque traditionnel qui reviendra ensuite et agit tout au long du film comme une ponctuation visuelle.
+ infos : Pistes d’activités à partir du film
ATELIER « Création de voix et naissance des personnages dans un film d’animation »