Tout en haut du monde

France (2016)

Genre : Aventure

Écriture cinématographique : Film d'animation

École et cinéma 2017-2018, Lauréats du Prix Jean Renoir, Lycéens et apprentis au cinéma 2017-2018, Prix Jean Renoir des lycéens 2015-2016

Synopsis

1882, Saint-Pétersbourg. Sacha, jeune fille de l’aristocratie russe, a toujours été fascinée par la vie d’aventure de son grand-père, Oloukine. Explorateur renommé, concepteur d’un magnifique navire, le Davaï, il n’est jamais revenu de sa dernière expédition à la conquête du Pôle Nord. Sacha décide de partir vers le Grand Nord, sur la piste de son grand-père pour retrouver le fameux navire.

Distribution

Avec les voix de :
Christa Théret
Féodor Atkine
Thomas Sagols
Rémi Caillebot
Audrey Sable

Générique

Réalisation : Rémi Chayé
Producteurs délégués : Ron Dyens, Henri Magalon
Productrice exécutive : Nadine Mombo
Ingénieurs du son : Florent Lavallée, Mathieu Z’graggen, Régis Diebold
Monteur : Benjamin Massoubre
Assistante à la réalisation : Marie Vieillevie
Scénaristes : Claire Paoletti, Patricia Valeix, Fabrice de Costil
Coproducteur : Jean-Michel Spiner
Auteur de la musique : Jonathan Morali
Durée : 1h20

Autour du film

« Tout en haut du monde », exquise banquise

Tout en haut du monde, il y a le pôle Nord, ce point d’attraction magnétique encastré dans les glaces, d’autant plus magnifique qu’il est inaccessible et mystérieux. C’est là qu’Oloukine, aristocrate de Saint-Pétersbourg à la fin du XIXe siècle, a disparu lors d’une expédition où il avait pour mission de planter le drapeau du tsar sur le pôle. Alors que la haute société russe oublie celui qui fut un héros, et dont le supposé naufrage dans les glaces en fait un sujet de moquerie, sa petite-fille, la jeune Sacha, se bat pour l’honneur de son grand-père. Elle trouve la carte d’un itinéraire secret qu’aurait pu emprunter son aïeul navigateur, et qui laisserait à penser qu’il pourrait être encore en vie. Sacha s’enfuit de son univers moelleux, part en train vers le Nord, atterrit dans un village portuaire où, pour vivre, elle fait le service dans une taverne de marins.

Matelots bourrus

Tout en haut du monde est le premier long métrage de Rémi Chayé, homme d’animation dont la filmographie passée (assistant réalisateur et/ou storyboardeur pour Brendan et le secret de Kells ou Pourquoi j’ai pas mangé mon père) le place au cœur de la vivacité hexagonale du genre. Mais si ce premier film est une telle réussite, c’est qu’il se place au confluent de plusieurs courants d’animation possibles.

D’abord, Tout en haut du monde est un film pour enfants et on ne peut que se laisser entraîner dans la quête assez classique de Sacha, dans son acharnement à retrouver le navire de son grand-père, son immersion dans un équipage de matelots bourrus…

Ensuite, et c’est la raison pour laquelle le film séduit autant, tout est ici comme ralenti. Le récit se déroule au rythme givré de la banquise, des mers gelées qu’il faut patiemment traverser en brise-glace, dans le désert blanc du grand Nord où les personnages, comme l’action elle-même, tombent peu à peu dans l’inertie, dans une paralysie frigorifiée aussi séduisante que celle de certains contes d’Andersen.

Zones glacées

Le cheminement de Sacha, depuis les palais de la Russie tsariste jusqu’aux steppes de glaçons, est tracé en aplats, en nappes de couleurs saturées ou pastels. Rémi Chayé invente des personnages qu’il dessine uniquement avec des taches de couleur. Tous les contours des dessins ont été soustraits, il ne reste que les aplats. S’y joue un dépouillement qui donne au film son frisson. Dans le dossier de presse, le réalisateur affirme : «Je veux que les animateurs passent du temps sur les émotions des personnages. Je ne souhaite pas qu’ils passent du temps à travers des détails ou des poulies. C’est pour ça que le style graphique est si simple. Pas de boutons, pas de lacets, pas de plis aux vêtements.»

Ainsi épuré, délocalisé de toute histoire trop «russe» pour atteindre des zones maritimes et glacées, Tout en haut du monde atteint à quelque chose d’intemporel. Chayé s’est inspiré de la peinture française et russe du XIXe siècle mais également des archives de l’expédition Endurance du Britannique Shackleton, qui tenta de traverser l’Antarctique au début du XXe siècle. C’est là toute la beauté de son film que de proposer une histoire plutôt hors sol, sans aucune pyrotechnie futuriste, couplé à un récit cousin de ceux de Jules Verne et de ces autres écrivains qui savent trouver un formidable écho dans la psyché enfantine.

Par Clément Ghys

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