Synopsis
1863, États-Unis d’Amérique. Dans un convoi qui progresse vers l’Ouest avec l’espoir d’une vie meilleure, le père de Martha Jane se blesse. C’est elle qui doit conduire le chariot familial et soigner les chevaux. L’apprentissage est rude et pourtant Martha Jane ne s’est jamais sentie aussi libre. Et comme c’est plus pratique pour faire du cheval, elle n’hésite pas à passer un pantalon. C’est l’audace de trop pour Abraham, le chef du convoi. Injustement accusée de vol, Martha est obligée de fuir. Habillée en garçon, à la recherche des preuves de son innocence, elle découvre un monde en construction où sa personnalité unique va s’affirmer. Une aventure pleine de dangers et riche en rencontres qui, étape par étape, révélera la mythique Calamity Jane.
Distribution
MARTHA JANE, 11 ans
Orpheline de mère, elle voyage avec son père blessé, sa soeur Léna et leur petit frère de 3 ans, Elijah, dont elle prend soin. Volontaire et débrouillarde, elle n’aime pas l’injustice. Elle adore raconter des histoires… au sens propre comme au figuré !
ABRAHAM JACOBSON, 45 ans
Le chef du convoi. C’est l’image de l’autorité, du respect des règles et des traditions. Il ne supporte pas que quelqu’un sorte du rang.
ETHAN, 13 ans
Fils d’Abraham, il mène le bétail accompagnant le convoi avec sa bande de garçons-vachers. Fier et souvent agressif, il montre sa supériorité aux filles et particulièrement à Martha quand elle ose prendre des initiatives.
SAMSON, 28 ans
Flamboyant et charmeur, il se fait passer pour un lieutenant du 3ème de cavalerie et propose de guider le convoi sur le bon chemin. En réalité blanchisseur dans un régiment, il a découvert qu’on le regarde différemment lorsqu’il a passé un uniforme d’officier.
JONAS, 13 ans
Orphelin, un peu voleur, il voyage seul vers l’Ouest. Jonas est devenu expert des pratiques de survie. Calculateur, colérique et parfois même cruel comme on peut l’être à cet âge, il devient pourtant un des proches soutiens de Martha.
MADAME MOUSTACHE, 28 ans
Élégante géologue issue d’une bonne famille, elle cherche de l’or avec des méthodes scientifiques. Elle reconnaît chez Martha la force de s’opposer, comme elle, à l’ordre établi par ce monde d’hommes.
Générique
Réalisateur : Rémi Chayé
Scénaristes : Sandra Tosello, Fabrice De Costil, Rémi Chayé
Producteur : Maybe Movies
Distributeur : Gebeka Films
Avec : Salomé Boulven, Alexandra Lamy, Alexis Tomassian, Jochen Hägele, Léonard Louf, Santiago Barban, Damien Witecka, Bianca Tomassian, Jérémy Bardeau, Philippe Vincent, Jérôme Keen, Pascal Casanova, Violette Samama, Lévanah Solomon, Délia Régis, Max Brunner, Gaspar Bellegarde, Killian Rehlinger, Jean-Michel Vaubien
Pistes de travail
La conquête de l’Ouest
Au XIXe siècle, est entreprise une grande épopée dans des territoires quasiment inconnus d’Amérique du Nord, au-delà du Mississippi. Après les premiers trappeurs, des expéditions militaires et scientifiques partent en reconnaissance vers le Pacifique. Vers 1840, l’idée d’une « terre promise » grandit parmi la population de l’Est. Trappeurs, fermiers, ranchers, hommes d’affaires ou chercheurs d’or pensent trouver leur bonheur dans ces territoires lointains comme la Californie ou l’Oregon. Pour y accéder, les colons empruntent des pistes difficiles traversant d’immenses étendues. En 1863, quand Martha Jane Cannary et sa famille s’engagent dans leur grand voyage en chariot, des guides sont déjà édités pour aider les migrants dans ce dangereux périple. En 1900, les tribus amérindiennes ont été vaincues et reléguées dans des réserves ; l’essentiel des terres a été colonisé, relié à l’Est par le télégraphe et le chemin de fer. La conquête de l’Ouest est terminée. Elle demeurera fermement ancrée dans la culture américaine.
Les westerns
La conquête de l’Ouest à peine achevée, elle devient un mythe fondateur pour les américains. Cowboys, indiens, bandits ou chercheurs d’or, révélés et fantasmés dans les spectacles de Calamity Jane ou de Buffalo Bill vers 1890, sont une grande source d’inspiration pour le cinéma. L’Attaque du grand rapide en 1903, considéré comme le premier western, est un succès et entraine la réalisation de beaucoup d’autres films. Apparait alors un genre cinématographique très populaire qui évolue jusqu’à aujourd’hui. De la valorisation des aventuriers, cowboys ou chercheurs d’or, le western devient plus humaniste et écologique. Les peuples indiens et la nature y retrouvent leurs droits comme dans La Chevauchée sauvage (1975) ou Danse avec les loups (1991). Quelles que soient les évolutions, les paysages spectaculaires, magnifiés par les longs cadres en cinémascope, sont communs à tous les westerns. Calamity de Rémi Chayé, film d’aventure dans les immenses paysages du grand Ouest américain, est dans la lignée des plus beaux westerns.
Calamity Jane, une légende de son vivant
Les histoires du Far-West racontent un monde sauvage et hostile dominé par des hommes. Pourtant, une femme à part osait s’habiller comme eux pour vivre libre. C’est ce qu’a retenu la légende. Vagabonde solitaire, amoureuse des grands espaces, Martha Jane a appris à monter à cheval très jeune. Mais elle était cantonnée à des métiers réservés aux femmes comme serveuse, lavandière, danseuse, infirmière ou nounou. Rêvant d’aventure, elle aurait commencé à s’habiller en homme en 1875 pour se joindre à une expédition destinée à trouver de l’or dans le Dakota.
Généreuse, elle n’avait peur ni des indiens, ni de la variole, se portant à plusieurs reprises au secours de malades. Un journaliste repère ce personnage hors normes et rapidement la presse en fait l’héroïne du Grand Ouest. Vantarde et devenue célèbre, Calamity Jane raconte ses aventures, réinventées constamment. De saloons en auberges, elle enchante les clients. Vers 1896, elle a écrit son autobiographie en gommant certains traits de caractère comme son vocabulaire de charretier et sa tendance à abuser de l’alcool. Ce récit romancé la décrit comme une guerrière toujours prompte à voler au secours des opprimés. Elle a entretenu sa légende avec ces brochures et des spectacles Western auxquels elle participait en véritable actrice. Cela lui permettait de récupérer un peu d’argent à une époque où elle vivait dans la misère. Les nombreux films, livres, BD, exploitant le mythe de Calamity, laissent une part très modérée à la réalité historique. Rémi Chayé ne raconte pas non plus la véritable enfance de Martha Jane mais « une enfance » telle qu’il l’a imaginée avec les scénaristes Sandra Tosello et Fabrice de Costil, à partir de rares éléments connus. On pourrait en imaginer d’autres.
Garçon manqué ou fille réussi ?
CALAMITY, une enfance de Martha Jane est un film d’aventure autour d’une petite fille courageuse, celle qui deviendra bientôt cette icône féminine de l’Ouest américain. En imaginant ses jeunes années méconnues, ce conte féministe entraîne le spectateur sur les traces de la jeune héroïne. Dans ce Far West, les femmes s’occupaient des enfants, des repas et ramassaient du bois pour le feu. La mort de sa mère contraint Martha à prendre le relais pour ces tâches mais elle découvre très vite qu’elle est capable d’en faire davantage.
Martha découvre la liberté de sa personne et de ses mouvements quand elle enfile le pantalon de son père, en abandonnant la robe, uniforme des femmes. Elle poursuit son émancipation en se coupant les cheveux. « Martha voit le côté pratique de sa tenue », expliquent les scénaristes. « Elle n’est pas dans la revendication. » Pourtant son entourage prend son attitude comme une menace.
Les femmes et les filles de l’époque devaient obéir et s’en tenir à l’ordre patriarcal comme aux besognes qui leur étaient attribuées en restant à la maison ou toujours près des chariots pendant le voyage. Martha Jane brave ces interdits avec l’innocence de l’enfance. Elle deviendra même le guide de la communauté en s’imposant comme éclaireuse à la fin du film. Elle montre la voie vers l’Oregon mais aussi vers une autre façon de considérer la condition féminine, toujours en étant fière d’être une fille.
Calamity, un film pictural
« Dans ce film, il y a un espace énorme. Celui des plaines avec des ciels monumentaux. Celui des montagnes rocheuses qui lentement apparaissent puis grandissent de jours en jours et qu’il va falloir franchir. C’est un parcours dans le paysage pour ce « village sur roues » qui avance avec l’espoir de trouver un avenir meilleur, plus loin. ». Rémi Chayé
Rémi travaille avec des couleurs franches, contrastées, pour valoriser ces grands espaces bruts et spectaculaires. Peints sans cerné, avec des formes simples, les personnages s’immergent parfaitement dans les décors traités de la même manière. Toute l’image est un jeu d’aplats de couleurs, entre personnages et paysages. Ces couleurs, interprétation sensible du réel, expriment d’abord la lumière et les émotions qu’elles transmettent, à la manière des Nabis comme Pierre Bonnard ou Paul Sérusier qui utilisent de grands aplats de couleurs «sorties du tube», sans mélange pour peindre la lumière. On pense aussi au Fauvisme et son chef de file, Henri Matisse, qui dès 1905 a un engouement pour l’utilisation de la couleur pure dans un dessin sans contours.
Expériences
Comment faire un film d’animation ? Entretien avec Rémi Chayé
Rémi Chayé nous raconte comment, en partant de sa passion pour la bande-dessinée, il en est petit à petit venu à faire de l’animation et à devenir réalisateur de longs métrages. Il nous livre ses sources d’inspiration, les thèmes qui lui tiennent à cœur, l’importance du travail en équipe quand on se lance dans un projet de film…