Dans les cordes

France (2007)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Archives CAC, Collège au cinéma 2009-2010

Synopsis

Joseph, qui s’occupe d’un club de boxe française en banlieue parisienne, entraîne sa fille Angie et sa nièce Sandra, élevées comme des sœurs depuis la mort de la mère de cette dernière.
Le soir de la finale des championnats de France, Sandra gagne dans sa catégorie plume, tandis qu’Angie s’effondre en catégorie coq. Aidée de Joseph qui projette en elle tous ses espoirs d’ancien boxeur, Sandra entreprend alors un régime pour quitter sa catégorie plume et combattre la championne en titre dans la catégorie coq. Blessée, Angie subit les frustrations de sa mère Térésa, qui tente de la convaincre de reprendre ses études. Mais la jeune fille décide de remonter sur le ring. Elle commence un entraînement éprouvant et une rivalité s’instaure entre les deux cousines désormais dans la même catégorie.
Surprenant par hasard la voix de sa mère qui se confie à la radio, Angie apprend que son père a eu une liaison avec sa tante, et que Sandra est en fait sa demi-sœur. Joseph trompe Térésa avec une ancienne groupie et Térésa quitte définitivement le domicile conjugal.
Lors d’un entraînement, Angie casse volontairement la cheville de Sandra . Le jour du combat contre la championne, Angie en train de gagner prend la décision d’abandonner. Soulagée, elle quitte le club de boxe sous l’œil des sportifs étonnés et perplexes.

Générique

Titre original : Dans les cordes
Réalisation : Magali Richard-Serrano
Scénario : Magaly Richard-Serrano, Gaëlle Macé, Pierre Chosson
Image : Isabelle Razavet
Musique originale : Jérôme Bensoussan
Son : Martin Boissau
Montage : Yann Dedet (FDB)
Décor : Benoît Pfauvadel
Costumes : Catherine Rigault
Casting : Aurélie Guichard
Production : Sunday Morning Production, Rhône Alpes Cinéma
Directeur de production : Philippe Hagège
Distribution : Pyramide Distribution
Sortie en France : 4 avril 2007
Durée : 1h33 (DVD)
Format : 35 mm (super 16 gonflé), couleurs, 1.85 : 1
Interprétation
Richard Anconina / Joseph
Maria de Medeiros / Tétésa
Louise Szpindel / Angie
Stéphanie Sokolinski / Sandra
Bruno Putzulu / Billy
Jean-Pierre Kalfon / Henri
Diouc Koma / Abdou
Chems Dahmani / Jamel
Ninon Brétécher / Vickie
Chloé Cabarrecq / Vera

Autour du film

Des cadres, des corps, des combats

Magaly Richard-Serrano filme des corps qui attaquent, répondent, reviennent, dans une chorégraphie tragique et muette. La première vision d’Angie, en contre-plongée avec fond bleu étoilé, est filmée comme pourrait l’être un défilé de mode. La bande sonore soutient cette marche hautaine. Utilisant les ralentis, la caméra subjective et une ambiance sonore lointaine (respiration forte), la réalisatrice fait référence à la mise en scène de Raging Bull. Mais Dans les cordes est réaliste alors que le film de Scorsese magnifie les combats. Ancienne boxeuse, la réalisatrice prend en compte la technique de la savate (pieds, jambes, bras, poings) qui englobe tout le corps, adaptant cet esthétisme particulier à une mise en scène qui appelle des plans d’ensemble, plans moyens, tandis que le combat de boxe anglaise peut être travaillé en plan taille, gros plan. De même, ce jeu très léger des jambes, acrobatique, glissant, cette souplesse des bras, sont mis en évidence grâce aux nombreux raccords qui permettent au montage de faire passer le spectateur, entre deux plans d’un même mouvement, dans le dos ou devant le personnage. La multiplicité des coups est dévoilée grâce à une caméra portée à l’épaule.

Un film « luminé »

Dans les cordes est traversé par la lumière : phares des voitures qui passent à travers les stores au début du film et qui « luminent » le visage d’Angie annonçant les projecteurs du ring, lumière des lampadaires qui s’éteignent, se rallument dans son rêve surréaliste, lumière des bougies lorsqu’il y a coupure d’électricité et qui autorise un jeu sur le clair-obscur pour révéler aussi la détresse affective de Joseph. Ce travail de lumière met en relief, par l’intermédiaire de ces effets d’ombres sur les corps, autant les blessures physiques que les maux intérieurs.
Le terme de « luminer » convient très bien au travail de Magaly Richard-Serrano et de la chef opératrice Isabelle Ravazet. le grand magicien de la lumière que fut l’opérateur Henri Alekan (Le Belle et la Bête, entre autres) considérait qu’« éclairer » consistait simplement à « donner à voir », tandis que « luminer » donnait à penser, méditer, et aussi émouvoir.
La lumière enrobe ainsi les corps et leurs états d’âme : lumière frontale, jeux de projecteurs, pointes lumineuses avec les bougies, tout concourt à l’élaboration d’une carte psychique des personnages. L’utilisation d’une couleur à dominance froide, le bleu, envahit le film : le père et les filles sont souvent vêtus de bleu alors que Térésa préfère le rose ou le violet. Papier peint, ciel, couvertures de lit, bandage rappellent le bleu nuit qui enveloppe les scènes nocturnes. Un jeu entre les rouges et jaunes très vifs mais peu chaleureux, annonce distances, incompréhensions des personnages.

C’est vers la lumière que tous les corps se tendent. Et la lumière est bien celle du ring, lieu pourtant clos mais paradoxalement ouvert qui s’oppose aux espaces parcourus par le reste de la famille, notamment cet appartement si peu éclairé, où femme et enfants vivent en vase clos.

Disposition spatiale et luminance

Il y a peu d’images d’extérieurs, ou alors c’est un extérieur que les personnages traversent très souvent en courant ou en fuyant. La cité est à peine décrite, pas de voisins, l’horizon est peu présent, ou alors traversé de fils électriques qui rappellent les cordes du ring. Les trois lieux appréhendés restent : la salle de sports très éclairée et très colorée, le potager travaillé dans des tons grisâtres avec taches blanches pour les roses coupées et volées, et le cimetière qui prend une vraie douceur colorée grâce à la visite de Térésa dont le haut violet fait écho aux fleurs qui s’épanouissent dans les arbres juste derrière elle. Beaucoup de scènes sont nocturnes, et l’appartement est si petit, filmé de telle sorte (avec une abondance de cuts – plans brefs montés brutalement) qu’on ne saisit pas la disposition des pièces. Effet révélateur de l’état d’esprit des personnages tous « cutés », coupés les uns des autres. Même la chambre des filles n’est jamais appréhendée en son intégralité : elle est divisée en deux ; le coin Sandra et le coin Angie. Deux espaces très différents (couleurs, papier peint, photo, disposition du lit) pour insister sur la séparation effective des deux cousines. Cette famille vit en vase clos. L’univers est assez kitch notamment dans la chambre-refuge de Térésa : plaque d’immatriculation Elvis Presley, ambiance années 80. Cette pièce très chaleureuse et sensuelle à dominance rouge est décorée de bougies et de bouquets de fleurs, un buste de femme en fond, des miroirs, des tiroirs un peu partout, des boites à ouvrir, image du secret. C’est pourtant le seuil que ne peut franchir Joseph. Par deux fois, Térésa lui refuse l’entrée et la première fois semble motivée par la réponse à cette question : « Tu as parlé à ta fille ? » et Joseph bafouille car il ne sait à laquelle fait allusion son épouse. La pièce interdite – c’est dans ce lieu que Térésa fume en cachette et qu’elle se confie à la radio – est filmée caméra à l’épaule, comme les combats, en suivant et décomposant les gestes de Térésa. Elle aussi mène une sacrée bataille avec sa sœur. Et si les filles ont leur chambre, Térésa la sienne, Joseph n’a manifestement plus de lieu, chez lui.

Vidéos

Dans les cordes

Catégorie :

De 9’25” à 12’18” – (2’43”)*

 

* Le minutage peut varier de quelques secondes selon le mode de lecture : projecteur ciné, lecteur DVD, ordinateur…).

 

Vicky vient de se présenter à Joseph dans les vestiaires tandis que Sandra et Angie s’échauffent et se concentrent avant leur match respectif. Elles formaient jusqu’ici un couple à l’amitié solide sous la conduite apparemment bienveillante et équitable de Joseph. Mais dans cette scène, l’unité se fissure.

 

Angie et Sandra, de profil, se regardent. Elles sont en légère contre-plongée et en contre-jour. Derrière elles, le ring, fortement éclairé, encadré par un rideau, comme une sorte de scène de théâtre où va se jouer le drame. Joseph est à gauche, un peu au-dessus, comme un Dieu tutélaire, ou simplement un père, veillant sur ses créatures. La cérémonie du pendentif, qu’elles embrassent, rituel fréquent entre les deux « cousines » a un aspect sinon religieux, du moins superstitieux. Il marque l’affection et la solidarité des deux filles. Malgré un bruit assourdissant de musique dû à l’ambiance surchauffée du lieu, les baisers sont audibles, accentuant l’isolement, relatif, où elles se trouvent.

 

Le lien n’est peut-être si spontané. Le fait que le geste d’embrasser le pendentif soit repris, sans raison pratique, au plan suivant par Joseph, indique qu’il l’a sans doute lui-même instauré pour se lier à ses deux filles.

 

Le retour à Angie et Sandra achève la cérémonie et surtout, lorsque leurs deux fronts se touchent (9’29”), avec l’effet du contre-jour, les deux têtes collées forment symbolisent ce qui ne peut être séparé.

 

Pourtant, à l’appel de la voix du présentateur, la séparation doit bien avoir lieu : Sandra se dirige vers la salle tandis qu’Angie disparaît vers le bas du cadre. À gauche, Joseph veille, divinité tutélaire presque cachée dans l’ombre, comme il l’est, à sa manière, dans la vie.

 

Isolée, des ombres dont celle de Sandra passant sur son visage, un peu écrasée par une légère plongée, Angie noue seule le pendentif de Sandra autour de son cou. Elle aussi semble attendre la lumière, son tour d’être au centre de cette lumière.

 

Ce qu’elle imagine se concrétise avec le plan qui suit immédiatement, comme amené par son regard vers la droite du cadre : Sandra se jetant dans cette lumière et ses spots éblouissants. Elle se retourne vers sa cousine dans ce qui peut être l’affirmation d’un dernier lien d’affection, mais son départ semble sceller dans le même geste une séparation. Entourée des pom pom girls, Sandra entre dans un autre univers. (9’48”)

 

Une coupe brutale accentuée par l’arrêt total du son d’ambiance de la salle montre Angie en plein entraînement. Elle est toujours seule, dans un décor de salle de sport aux murs nus comme un décor zen ou de science-fiction. Ces trois plans pourraient n’être qu’une indication documentaire : l’entraînement et la concentration d’Angie avant son propre combat et la nécessité de se couper de ce qui se passe alors sur le ring. Mais le silence, la nudité du décor, la lenteur des gestes effectués dans le vide, et surtout le troisième de ces plans où la jeune femme s’approche de la caméra comme si elle voulait la combattre, avec son regard fixe, étrange, agressif, à la limite de la folie, créent une impression de malaise. Quel ennemi Angie veut-elle combattre ? La présence (logique) des deux pendentifs autour de son cou creuse encore l’interrogation : se bat-elle avec Sandra contre un adversaire inconnu ? Contre Sandra elle-même ?

 

Retour à la salle et son ambiance (10’30”). Sandra, de dos, regarde sa cousine en train de combattre. Ce faux contrechamp (autre lieu, autres sonorités) au lieu de ramener à la réalité, accentue encore le malaise : le sautillement, rituel d’échauffement banal dans le sport, donne le sentiment de prolonger les mouvements désordonnés inquiétant du plan précédent.

 

La caméra accompagne en travelling latéral l’avancée d’Angie vers le ring : le gros plan l’isole du monde qui l’entoure, la lenteur relative et la régularité du pas contrastant avec la montée de l’ambiance sonore. La caméra s’arrête pour montrer de dos la jeune femme poursuivant sa marche : elle se détache cette fois de nous, s’enfonçant dans son monde, sa fascination pour le ring et le combat. Elle se dirige vers la gauche, là où Sandra a acculé son adversaire. Nous voyons alors le combat en contre-plongée, du bas du ring, par les yeux d’Angie dont nous suivons le déplacement. C’est encore à travers elle que, à la fin du round, nous voyons Sandra rejoindre vers la gauche Joseph sûr de la victoire, puis, à droite, la perdante. Comme un balancement d’Angie : sera-t-elle l’une ou l’autre dans quelques minutes ?

 

La caméra suit alors (11’11”) le déplacement d’Angie vers la droite, comme pour aller vers le camp de la défaite, mais le point de vue s’est inversé à 180°, puisque ce n’est plus le ring qui est visible en arrière-plan mais les spectateurs. Angie souriante se tourne vers la droite, soit vers Sandra, souriante, comme rayonnante de la victoire de sa cousine. Tout semble dans l’ordre et nous pouvons assister avec elle au triomphe de Sandra sur le ring. Mais lorsque l’arbitre appelle l’adversaire de Sandra, à sa place apparaît un gros plan d’Angie, toujours souriante, mais prise sous l’angle inverse du précédent (regard vers la gauche). S’identifiant d’abord à sa cousine, Angie se trouve ainsi identifiée à son adversaire : et si l’adversaire à affronter était bel et bien Sandra ?

 

La contre-plongée nous fait toujours suivre par le regard d’Angie la proclamation du résultat, avec la coupe qui s’élève en amorce au moment où est prononcé le nom de la gagnante. Mais la caméra (le regard d’Angie) se déplace légèrement vers la gauche et isole la ronde et les congratulations de Joseph et Sandra. Le couple semble seul au monde dans l’excitation générale.

 

En contrechamp, nous retrouvons Angie, d’abord en gros plan, étonnée, souriante, puis bousculée par la foule, tandis que se renouvellent les embrassades de Joseph et Sandra. La rupture est-elle consommée ? Avant de réapparaître pour une nouvelle cérémonie des pendentifs (12’18”), Angie, emportée par la foule, est pour le moins ébranlée dans sa foi dans le couple inséparable… Mais quel couple ?

 

Photogrammes pour repérage

Pistes de travail

Les répetitions

– Des scènes se répètent plusieurs fois dans le film (la plupart du temps deux fois) . Ce systématisme induit une vraie montée en puissance de l’effet dramatique : parce que le spectateur a déjà vu cette scène quelque part, il va pouvoir comparer les notables modifications apportées et se rendre compte des fissures puis de la rupture consommée.

On pourra faire repérer et décrire les trois scènes de jogging pour noter les dfférence et en dégager le sens. Faire le même exercice avec les deux scènes où Angie entend que Sandra n’est pas sa cousine comme on l’a toujours dit, mais sa demi-sœur, les deux scènes de cimetière, et les deux scènes dans la cuisine. Faire chercher d’autres scènes qui se répètent de la même faon.

Mise en scène

La mise en scène vise à faire ressentir les fissures qui s’élargissent et isolent les membres de la famille. C’est particulièrement visible avec la chambre des deus filles. Alors que Sandra et Angie dorment dans la même chambre, la mise en scène en fait ressortir la division en deux parties nettement séparées où chacune s’isole dans son monde.

– Faire rechercher ce qui indique cette séparation (tapisserie, décoration, objets…). En quoi la décoration révèle-t-elle des éléments importants de la personnalité de chaque fille. Dans l’appartement, voit-on les membres de la famille réunis dans une pièce commune ? A-t-on une vision de l’ensemble de l’appartement ? Pourquoi ?

– Rechercher les couleurs qui dominent et contribuent à créer une atmosphère triste. Quel personnage ne porte pas ces couleurs ? Quel est le lieu le plus lumineux et le plus coloré ?

– Repérer et caractériser les extérieurs

– Comment la coiffure d’Angie est-elle utilisée pour signifier l’émancipation de cette dernière.

– Relever ce qui montre que les scènes d’entraînement et de boxe sont filmés de façon réaliste.

Relever une scène qui ne semble pas réaliste et préciser pourquoi.

Les personnages

– Qu’elles sont les motivations des personnages qui pratiquent la boxe (le père, Angie et andra). .

– Les blessures d’Angie sont-elles seulement physiques ? Analyser ses rapports avec Sandra et avec son père.. Comment s’exprime-t-elle ?

– Faire le portrait de Sandra, du père et de la mère.

Sport de compétition

– Chercher les avantages et les inconvénients.

Parents entraîneurs

– Chercher des exemples de champions sportifs entraînés par un parent. Est-ce très répandu ? D’après le film quels en sont les avantages et les risques ? Qu’est ce qui l’emporte ?

La boxe feminine

– Chercher des renseignements sur ce sport et sa pratique. Comparer avec la boxe masculine.

Joël Magny d’après Carole Wrona, le 25 août 2009

Expériences

– Processus de création

Il aura fallu six années, d’écriture et de préparation pour que Magaly Richard Serrano réalise enfin son premier long métrage, Dans les cordes.

Il lui a été inspiré par sa famille, une famille obsédée par la boxe.  

Après une première version du scénario qui obtient l’aide à l’écriture du CNC (Centre National de la Cinématographie), Magaly Richard-Serrano retravaille à une nouvelle version pendant deux ans avec Gaëlle Macé, coscénariste des Brodeuses (Éléonore Faucher, 2004), puis à une troisième pour la maison de production Sunday Morning Productions Pierre Chosson, auteur réalisateur, réécrit avec elle les dialogues et finalise le scénario.

Magaly Richard-Serrano obtient ensuite du CNC une aide à la maquette en 2 005.

En super 16, avec une équipe au complet et les deux actrices, déjà choisies, elle réalise alors un court métrage centré sur l’avant-match et sur les deux héroïnes. À la suite du visionnage, le CNC accorde cette fameuse avance sur recettes. La préparation du film peut commencer.

Les deux comédiennes – qui apprendront les rudiments de la boxe pendant dix mois – ont été choisies très rapidement et se sont imposées de façon évidente.

Le tournage a duré neuf semaines. « Tous les intérieurs, et quelques extérieurs, ont été tournés à Bourg-en-Bresse en raison d’une coproduction avec la région Rhône-Alpes. Pour la majorité des extérieurs, le club de boxe et le gymnase, le tournage s’est déroulé dans mon fief : Vitry, Ivry-sur-Seine, Thiais. On habite tous là depuis quatre générations ! Toute ma famille fait de la figuration dans le film. Les autres figurants, je les dois à ma mère qui a fait venir tout son carnet d’adresse de boxe. »

– L’accueil de la presse

La passion du sport

« […] On aime par ailleurs un film qui se contente de boxer dans sa catégorie, sans se pousser du col ni faire dans le grand spectacle, mais en visant vite, juste et au cœur des choses. […] Sur la passion du sport et la promiscuité familiale, sur la solidarité d’un groupe et l’esprit de compétition, sur la fatalité des origines et la volonté de s’en sortir, sur les raisons enfin de se souvenir d’où l’on vient et sur la nécessité de partir sans nécessairement trahir, sur tout cela des choses très justes, manifestement observées et vécues, sont dites, à commencer par la manière de passer en souplesse de la boxe au cinéma. Cela suffit amplement au film pour conquérir cette victoire cinématographique : l’empathie du spectateur pour les personnages. »

Jacques Mandelbaum, Le Monde, 4 avril 2007

L’anti-success story

« La réalisatrice a su renverser les figures de la success story sportive en y intégrant les blessures identitaires et familiales au sein de la pratique du noble art. En cela le film s’apparente à un véritable document sur les raisons sociales d’exercer un sport aussi exigeant et traumatisant. […] Malheureusement, Magaly Richard-Serrano n’a malheureusement pas su éviter, dans la première partie, l’écueil de l’illustration “pour faire vrai”. Son regard supplante dans ces moments-là celui de ses personnages et ôte la vitalité des scènes. Mais l’excellence des interprètes emporte tout de même l’adhésion. »

Pierre Eisenreich, Positif, n° 554, avril 2007

Jeune cinéma d’auteur populaire

« On dira que les ingrédients de cette réussite ne sont pas nouveaux, que les effets de réel relèvent davantage du petit théâtre social à l’anglaise que d’une injection de fiction dans un milieu documentaire à l’état brut. C’est sans doute vrai, mais le drame social à la française aura rarement ému aussi juste, scénario sur le fil, interprétation uniment épatante, mise en scène vive, frontale, sans gonflette. […] Depuis des années que la France court après l’insoluble équation d’un jeune cinéma d’auteur populaire, un spécimen rare vient peut-être d’apparaître. Vivement la suite. »

Cyril Neyrat, Cahiers du cinéma, n°623, mai 2007

Des acteurs en état de grâce

« […] Le corps physiquement et moralement cabossé d’Angie est au cœur du film. Une jeune comédienne au visage et au jeu aiguisés comme une lame, Louise Szpindel, parvient à faire des doutes du personnage un périple intérieur sur des vérités qui se dérobent : celle dissimulée par ce père qui ne sait pas parler et cette mère qui ne peut plus se taire. […] Richard Anconina, qui n’a jamais été aussi étonnant – pas depuis Le Petit criminel, de Doillon, en tout cas –, c’est le petit mec qui tangue pour maintenir sa petite entreprise. […] »

Pierre Murat, Télérama n°2970, 16 déc. 2006

Quelques films sur la boxe

  • Ali, Michel Mann, 2001.
  • L’As des as, Gérard Oury, 1982.
  • Le Bagarreur, de Walter Hill, 1975.
  • Billy Elliot, Stephen Daldry, 1999.
  • The Boxer, Jim Sheridan, 1997.
  • Le Boxeur et la mort, Peter Solan, 1962.
  • Le Champion (The Champ), King Vidor, 1932.
  • Le Champion (The Champ), Franco Zeffirelli, 1979.
  • Dans les cordes (Against the Ropes), Charles S. Dutton, (Paramount).
  • Doux, dur et dingue (Every Wich Way But Loose) James Fargo, 1978.
  • Charlot Boxeur, Charlie Chaplin, 1915.
  • De l’ombre à la lumière (The Cinderella Man), Ron Howard, 2005.
  • Le Dernier Round (Battling Buttler), Buster Keaton, 1926.
  • Le Dernier Round (Kid Galahad), Michael Curtiz, 1937.
  • Détective, Jean-Luc Godard, 1984.
  • Edith et Marcel, Claude Lelouch, 1983.
  • Fat City, John Huston, 1971.
  • Fuori dalle corde, Fulvio Bernasconi, 2007.
  • Gentleman Jim, Raoul Walsh, 1942.
  • Girlfight, de Karyn Kusama, 1999.
  • Golden Gloves, Gilles Groulx, doc., 1961 (ONF, Canada).
  • Homeboy, Michael Seresin, 1988.
  • Hurricane Carter (The Hurricane), de Norman Jewison, 1999.
  • The Joe Luis Story, Robert Gordon, 1953.
  • Marqué par la haine (Somebody up There Likes Me), Robert Wise, 1956.
  • Million Dollar Baby, de Clint Eastwood, 2005.
  • Le Montreur de boxe, Dominique Ladoge, 1996.
  • Muhammad Ali, the Greatest, de Tom Gries et Monte Hellman, 1977.
  • Nous avons gagné ce soir, Robert Wise, 1949.
  • Plus dure sera la chute (The Harder They Fall), Mark Robson, 1956.
  • La Puissance de l’Ange, John G. Avildsen, 1992.
  • Requiem pour un champion, Ralph Nelson, 1962.
  • Raging Bull, Martin Scorsese, 1981.
  • Renaissance d’un champion (Resurrecting the Champ), Rod Lurie, 2006.
  • The Ring (Le Masque de cuir), Alfred Hitchcock, 1927.
  • Rocco et ses frères, Luchino Visconti, 1960.
  • Rocky, John G. Avildsen (et Sylvester Stallone). Rocky II, 1979 ; III, 1982 ; IV, 1984 ; V, 1990.
  • Rocky Balboa, S. Stallone, 2007.
  • Un cœur gros comme ça, François Reichenbach, 1961.
  • When We Were Kings, Leon Gast et Taylor Hackford, doc., 1996.

Outils

Vidéographie

Dossier pédagogique « Collège au cinéma », n° 172, par Carole Wrona, CNC, 2009.
Positif, n°554, avril 2007
Cahiers du cinéma, n°623, mai 2007
Télérama n°2970, 16 déc. 2006
Fiches du cinéma - L’annuel 2008 - Tous les films 2007
Score, n°31
Elle, n°3196
CinéLive n°111

Joyce Carol Oates, De la boxe (photographies de John Ranard), Paris, Stock, 1988.
Alexis Philonenko, Histoire de la boxe, Paris, Bartillat, 2002.
Philippe Durant, La Boxe au cinéma, Paris, Carnot cinéma, 2005.
“Combats idéologiques : films de boxe et constructions d’identités” dans la revue Tausend Augen n°28, hiver 2004, article disponible sur le site : lesensdesimages.com
J.-M. Faure et C. Suaud, Les Sportifs de haut niveau dans l'espace européen. Rapport CNRS, septembre 1998.
John Salmela et J. Fournier, Psychologie du sport : les familles et le sport, Revue STAPS 2004, n° 64.
Jean-Marie Brohm, La Tyrannie sportive: Théorie critique d'un opium du peuple, Beauchesne, 2006

Yvan Paquet, 150 Petites expériences de psychologie du sport : Pour mieux comprendre les champions... et les autres, par Yvan Paquet, Pascal Legrain, et Elisabeth Rosnet, Dunod, 2007.

Web

Fiche ABC Le France - Entretien et extraits de critiques (document PDF à télécharger)
abusdecine.com
ivry94.fr
cnrs.fr
savoir-sport.org
Entretien avec JM Brohm sur dossiers du net

DVD

Dans les cordes, de Magaly Richard-Serrano, DVD zone 2, PAL, Dolby, son HIFI, Français, TF1 Vidéo. (Usage strictement limité au cercle familial)