Synopsis
Argentine, 1979. Juan, 12 ans, et sa famille reviennent à Buenos Aires sous une fausse identité après des années d’exil. Les parents de Juan et son oncle Beto sont membres de l’organisation Montoneros, en lutte contre la junte militaire au pouvoir qui les traque sans relâche. Pour tous ses amis à l’école et pour Maria dont il est amoureux, Juan se prénomme Ernesto. Il ne doit pas l’oublier, le moindre écart peut être fatal à toute sa famille.
Distribution
Ernesto Alterio
Natalia Oreiro
César Troncoso
Cristina Banegas
Teo Gutiérrez Moreno
Mayana Neiva
Douglas Simon
Générique
Film de Benjamín Ávila
Titre original : Infancia Clandestina
Produit par Luis PUENZO
Scénario : Benjamín ÁVILA / Marcelo MÜLLER
Image : Iván GIERASINCHUK
Distribution : Pyramide
Sortie française : 8 mai 2013
Visa : 136086
Format : Scope
Couleur
Durée : 1h50
Autour du film
Après son documentaire Nietos (identidad y Memoria), réalisé en 2004, qui abordait la question de l’appropriation par les militaires des enfants de “disparus”, Benjamín Ávila revient, cette fois-ci sous la forme d’une fiction, sur cette période noire de l’histoire argentine, qui a profondément marqué sa biographie. On comprend mieux la place que cette question occupe dans la filmographie du réalisateur argentin lorsque l’on sait que celui-ci, lui-même enfant de militants du groupe d’extrême-gauche Montoneros, a vécu à la première personne le parcours attribué au jeune protagoniste d’Enfance clandestine.
La route de l’exil tout d’abord, qui mena la famille au Brésil, au Mexique et à Cuba, puis le retour clandestin au pays afin de mener la résistance intérieure contre la junte militaire. Cette opération, appelée “contraofensiva montonera”, qui constitue la toile de fond du film, se solda par un désastre dans lequel périrent la plupart des militants impliqués. Tout comme dans le film, après la mort de sa mère au cours de cette opération, Benjamín Ávila fut séparé de son frère qui sera élévé par une autre famille. Le réalisateur ne le retrouvera que bien des années plus tard lorsque, grâce au travail des grands-mères de la Plaza de Mayo, sa véritable identité sera rétablie.
Sur cette base autobiographique, Ávila a réalisé un film attachant qui décrit, à travers le regard de l’enfant, la vie quotidienne de cette famille contrainte à la clandestinité. Le petit Juan/Ernesto, même s’il ne comprend pas tous les enjeux de la lutte que ses parents mènent, vit ce contexte extraordinaire comme une situation de quasi-normalité. C’est d’ailleurs tout le talent du réalisateur argentin — et l’un des intérêts du film — que de nous faire découvrir cette réalité de la guérilla urbaine, pas tant au travers de la dimension politico-militaire de la lutte (simplement effleurée dans le film) que sous l’angle intime des rapports humains qui se tissent entre les membres de ce réseau. Au-delà de leur engagement politique, ceux-ci vivent en effet une vraie vie de famille dans cette maison, à la fois “planque” de guérilleros et foyer dans lequel les individus se rencontrent, s’aiment, se disputent, fêtent leur anniversaire…
Réflexion sur les frontières poreuses entre engagement politique et vie personnelle, Enfance clandestine est également une parabole sur une identité en devenir. Vis-à-vis du monde extérieur, Juan doit en effet jouer à être un autre (Ernesto) afin de ne pas mettre en péril la couverture soigneusement mise en place par ses parents. C’est dans ces conditions qu’il découvre les premiers émois amoureux de l’adolescence qui, eux, ne tolèrent pas le double-jeu. Cette contradiction constitue l’autre axe narratif du film. La construction identitaire, propre au processus d’apprentissage adolescent, se fait ici au travers d’un jeu de miroirs et d’identification à plusieurs figures tutélaires : la pureté révolutionnaire et dogmatique des parents, la tentation du mythe héroïque (le Che), mais aussi l’hédonisme pragmatique incarné par l’oncle. Celui-ci représente une voie médiane et moins othodoxe que celle du père, qui va permettre peu à peu au jeune garçon — avec la découverte de l’amour — de se positionner et de trouver sa propre voie afin d’affirmer à la fin du film, une fois les masques tombés : “soy Juan”.
Enfance clandestine ne manquera pas de susciter l’intérêt des élèves de la 4ème à la Terminale pour peu que l’enseignant adapte sa démarche au public visé. Plusieurs pistes pourront être envisagées selon les objectifs que chacun aura déterminés. Le récit d’apprentissage au cœur du film d’Ávila suscitera sans nul doute la curiosité et le débat chez les adolescents qui reconnaîtront là, des enjeux identitaires qu’eux-mêmes ont vécus ou sont en train de vivre. Au-delà de cette approche, le film permet également d’aborder la question de la dictature argentine (et plus largement des régimes autoritaires qui sévissent à cette époque en Amérique latine), celle des mouvements de guérilla qui luttent pour une transformation révolutionnaire du monde, mais aussi une réflexion sur l’engagement et ses limites : une question à laquelle les adolescents sont, par définition, très sensibles.
On signalera enfin les liens qu’entretient le film d’Ávila avec L’Histoire officielle de Luis Puenzo (1986) que l’on peut voir comme une suite d’Enfance clandestine: on pourra ainsi envisager une étude de ces deux films en parallèle, comme les deux pans d’un même dyptique.
Susana Arbizu pour Zerodeconduite
Vidéos
Prologue
Catégorie : Analyses de séquence
Prologue : Analyse de la scène d’ouverture du film.
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Textes : Stéphan Krzesinski
Réalisation : Jean-Paul Dupuis
La mort de l’oncle
Catégorie : Analyses de séquence
Prologue : Après le choc de la fusillade du début, celui de l’exil et d’un retour clandestin en Argentine sous une nouvelle identité, Juan vient de vivre son plus grand traumatisme : la perte de son oncle adoré.
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Textes : Stéphan Krzesinski
Réalisation : Jean-Paul Dupuis
Le vert, la mort, l’espoir
Catégorie : Analyses de séquence
Conception et Réalisation : Jean-Paul DUPUIS
Outils
Entretiens
- Entretien avec l'historienne Diana Quattrocchi-Woisson, chargée de recherche au CNRS. Eclaircissement autour de la dictature et du contexte politique en Argentine en 1979 :
http://www.zerodeconduite.net/enfanceclandestine/entretien.html
Ouvrages
- Diana Quattrocchi-Woisson « Autour des années de plomb. Histoire, Mémoire et Justice en Argentine » dans la revue Le Débat,n° 22, nov-déc 2002, Gallimard.
-Diana Quattrocchi-Woisson, Histoire politique de l'Argentine contemporaine, 1890-2001. Un long et extrême vingtième siècle sud-américain, Mémoire d'HDR, Paris, Université Diderot, 2009.
Outils pédagogiques
- Dossier pédagogique destiné aux enseignants d’espagnol :
http://www.crdp-strasbourg.fr/main2/arts_culture/cinema/documents/enfance_clandestine_dossier_peda.pdf
Vidéos
- Film en VOD http://www.universcine.com/films/enfance-clandestine
- Le Voscope, Enfance clandestine, visionnez la bande-annonce + un extrait du film et découvrez le quiz de compréhension associé :
http://www.vocable.fr/index.php?option=com_content&view=article&layout=enseignants&id=412&Itemid=1011