Synopsis
B. Z. Goldberg, réalisateur juif américain, a le projet de faire se rencontrer des enfants juifs et palestiniens qui vivent tout près les uns des autres, mais que tout sépare et oppose.
Nous faisons connaissance avec chacun d’entre eux, dans son milieu familial, scolaire, religieux et social : Yarko et Daniel, jumeaux d’une famille juive laïque ; Sanabel et Faraj, enfants de réfugiés palestiniens ; Moishe, fils de colons juifs ; Shlomo, fils de rabin ; Mahmoud, enfant d’une famille israélienne, arabe de Jérusalem.
Leurs convictions fortement ancrées constituent une formidable chape de plomb qui les enferme et les isole encore plus sûrement que les frontières, barrages, barbelés et clôtures électrifiées.
Ils abordent la plupart des thèmes qui alimentent le conflit israélo-palestinien. Chacun dans sa sphère, fait le constat de son impuissance et de son isolement. Les clivages qui à l’intérieur de chaque camp séparent extrémistes et modérés, laïques et religieux fanatiques, viennent renforcer le caractère utopique du projet de rencontre.
L’idée fait cependant son chemin et chacun s’efforce de comprendre – un peu –, la position et la situation des autres enfants. La rencontre a lieu : accompagnés de B. Z. Goldberg, Yarko et Daniel se rendent au camp de Deheishe. Ils jouent et partagent le repas avec un groupe d’enfant palestiniens, dont Sanabel et Faraj. Bien que ne parlant pas la même langue, ils n’ont pas besoin d’interprètes et communiquent parfaitement entre eux.
Ce n’est qu’en fin de journée que les traducteurs arrivent pour permettre à chacun d’exprimer ce qu’il ressent. La fragilité de leur amitié naissante est ressentie avec une profonde tristesse. Faraj qui était le plus réticent se montre le plus désespéré. Deux ans plus tard, chacun des enfants, devenu adolescent, fait le constat que cette rencontre n’a pas eu de suite.
Le film se termine avec l’image de parents juifs et arabes qui, dans une maternité, se penchent sur le berceau de leur nouveau-né. Ces enfants pourront-ils – sauront-ils – mener une vie normale dans la paix et la prospérité, côte à côte comme ils sont nés ?
conflit qui divise leurs peuples.
Distribution
Neuf personnages principaux, dont le réalisateur, composent l’essentiel de la distribution du film. Chaque enfant représente une catégorie de la population des territoires israélo-palestiniens : Israéliens d’Israël (les jumeaux et Shlomo), Arabes israéliens (Mahmoud), Palestiniens des camps de réfugiés dans les territoires occupés (Faraj et Sanabel), Israéliens des colonies juives dans les territoires palestiniens (Shlomo et sa sœur). La moitié des enfants sont des pratiquants (Moshe, Shlomo et sa sœur pour la religion juive ; Mahmoud pour la religion musulmane). L’autre moitié laïque (Yarko et Daniel, Faraj et Sanabel).
Dans leur entourage respectif, quelques personnages retiennent l’attention : les parents de Sanabel et ceux des jumeaux, leur grand-père d’origine polonaise, la grand-mère de Faraj, la sœur de Moishe.
Les jumeaux
Yarko et Daniel, enfants d’une famille laïque, expriment leur souhait de vivre en sécurité dans un État moderne. Leur grand-père, polonais rescapé des camps d’extermination, après avoir appris que toute sa famille avait disparu, a choisi le seul pays où l’holocauste ne pourrait jamais se reproduire. Il avoue ne pas croire beaucoup en un Dieu qui a laissé faire… Leurs parents, d’abord réticents à l’idée de laisser les enfants se rendre en territoire réputé dangereux, finissent par se laisser convaincre. Ils assument ainsi leurs responsabilités, tout en sachant que cela ne va pas sans risque. En parents modernes, ils analysent leurs propres motivations : “… Nos besoins ce sont nos peurs, soyons francs.”
S’ils acceptent de rencontrer des enfants palestiniens, c’est un peu par curiosité. Ils proposent d’établir le contact sur le thème du sport. Ils ont peur des religieux ultra orthodoxes. Yarko et Daniel savent qu’ils auront à effectuer un service militaire long et dangereux, mais nécessaire : “Si on veut vivre ici, il faut protéger l’État”. Que les religieux soient dispensés de toute obligation militaire, alors qu’ils perçoivent une rémunération de l’État et interviennent directement dans l’action politique, cela ne leur semble ni juste, ni très logique.
À la fin de la journée passée avec les jeunes Palestiniens, B. Z. Goldberg demande aux enfants ce qu’ils pensent. Yarko répond : “Je croyais que les gens qui soutiennent le Hamas étaient cinglés ; certains enfants soutiennent le Hamas, mais je les comprends. Les graffitis me mettent mal à l’aise, mais je les comprends ; à leur place, je dirais pareil, je me sens… déchiré”.
Deux ans plus tard, un certain fatalisme les a gagné : “Faraj croyait que c’était facile de se voir, […] mais c’était plus compliqué que cela”, explique Daniel. “Je suis plus concerné par mes propres problèmes…”, conclut Yarko.
Faraj
Comme Sanabel, Faraj est un réfugié palestinien qui habite dans le camp de Deheishe, à quelques kilomètres de Jérusalem. Bassam, son ami, a été tué pendant la première Intifada. “Je voulais le couper en deux, ce soldat, lui tirer dessus ou le faire sauter pour venger la mort de Bassam.” Après avoir trompé la vigilance des soldats qui en interdisent l’accès, la grand-mère de Faraj lui montre les restes de la maison qu’elle a dû quitter en 1948 et dont elle a conservé précieusement la clé et les titres de propriété. “Les Juifs l’ont détruite pour qu’on ne puisse pas dire qu’on a un pays”, précise-t-elle. Faraj se jure de revenir en Israël, reconstruire cette maison. Il marque l’endroit en gravant un signe sur une pierre avec la clé, l’un des symboles de la revendication palestinienne.
Faraj, qui était le plus opposé à l’idée d’une rencontre, pleure à la fin de la journée quand il comprend que son amitié naissante avec les jumeaux a fort peu de chances de survivre au départ de B.Z. C’est lui qui ensuite tentera vainement, à plusieurs reprises, de maintenir le contact, mais deux ans plus tard, son verdict est désespéré : “Je trouve que le monde est devenu pire… Les projets qu’on fait pour l’avenir ne se réaliseront peut-être jamais, car la vie que nous menons ne nous permet pas de réaliser nos rêves.”
Sanabel
Sanabel habite le camp de Deheishe à quelques kilomètres de Jérusalem. Fille de réfugiés palestiniens de la troisième génération, elle appartient à une famille d’arabes laïques, relativement aisée si elle se compare à d’autres familles de réfugiés où chacun n’a pas la chance de disposer d’un lit pour soi.
Sanabel est vive, gracieuse, mais elle est triste : son père est en prison. Journaliste, militant du FPLP, il attend son procès depuis deux ans. La maman de Sanabel que nous voyons souvent auprès d’elle ne parle pas, mais son visage exprime sa détresse devant le chagrin de sa fille.
Sanabel et sa troupe utilisent la danse traditionnelle pour illustrer la vitalité du peuple palestinien. Elle regrette de ne pouvoir visiter Jérusalem si proche et pourtant interdite. Lors de la discussion pour savoir qui a envie de rencontrer des enfants juifs, Sanabel est la plus déterminée : “Moi, j’ai envie…Si on refuse de rencontrer des enfants Juifs et eux aussi, il n’y aura jamais de paix entre eux et nous, ni nulle part.”
Générique
Titre original : Promises
Production : B. Z. Goldberg, Justine Shapiro, Ziad Abbas
Réalisateurs : B. Z. Goldberg, Justine Shapiro, et Carlos Bolado
Scénariste consultant : Stephen Most
Photo : Ilan Buchbinder et Yoram Millo
Son : Larry Oatfield
Effets sonores : Matthew Spiro
Montage : Carlos Bolado
Ass. Montage : Sara Maamouri
Musique : Wim Mertens
Film : Couleurs (DV kinéscopé en 35 mm)
Format : 1/1,66
Durée : 1h46
N° de visa : 105 077
Distributeur : Solaris
Date de sortie : 30 janvier 2001 aux Pays-Bas
Prix :
Oscar du Meilleur Documentaire, (nominé en 2002)
Rencontres internationales du cinéma de Paris (Prix du public, 2001)
Festival du Film International de Rotterdam (Prix du public, 2001)
Festival International du Jeune Public de Laon (sélectionné en 2002)
Autour du film
Paroles pour la paix
Le film s’ouvre sur les ombres d’enfants qui progressent le long d’une échelle horizontale. Ambiguïté de la sensation : c’est à la fois une image ludique, et une évocation d’exercices militaires à “l’échelle de singe”. Ombre portée d’une situation où le jeu des enfants se confond avec la guerre des adultes.
Puis la caméra étant fixe, des dizaines d’enfants viennent s’agglutiner devant elle et regarder l’objectif en gros plan. Double mouvement du regard, du sujet vers l’objet, mais également de l’objet vers le sujet, désignant ainsi le point de vue du film, celui du metteur en scène.
Contrechamp sur la voix du réalisateur et de son visage, de profil, au volant d’une voiture. Il a passé son enfance à Jérusalem. Il y est revenu, allant à la rencontre d’enfants qui, comme lui, ont vécu dans ce pays “où la normalité est toujours mêlée de guerre.” Sans doute le pays a-t-il changé. On le voit traversé d’autoroutes. La ville s’est considérablement développée. Mais que pensent aujourd’hui les enfants ?
Pour tenter de répondre à cette question, le réalisateur a tenu à prendre place dans le champ de la caméra, à se donner lui-même à voir, pour montrer son rôle, sa situation par rapport à eux, la relation qu’il instaure avec deux.
Conscient qu’au cinéma, la caméra ne peut que “manipuler” ce qu’elle filme, il a choisi de montrer le “manipulateur”.
L’esthétique du reportage
Les scènes d’extérieur, comme celles des “check-points”, du rassemblement des religieux au mur des Lamentations, les manifestations publiques, etc., sont tournées selon les techniques habituelles du reportage télévisé : un bref plan général pour situer le lieu, puis des plans relativement brefs, souvent serrés, voire très rapprochés, chacun ayant pour fonction de désigner un aspect particulier, un détail destiné à transmettre une information.
Ces informations nous sont ainsi “imposées” dans une logique propre aux techniques de communication. Ainsi ne trouvons-nous pas de plan suffisamment large et suffisamment “tenu” pour que nous ayons la possibilité de chercher nous-mêmes l’information, la signification. Notre émotion est provoquée, et non suscitée, dans ces images “volées“ au passage.
Cette technique est utilisée délibérément dans la séquence des religieux, afin de bien montrer le décalage de traitement des jumeaux (qui parlent à la caméra ou se parlent devant la caméra), traduisant ainsi leur distance par rapport à tous ces inquiétants religieux dont “ils ne partagent pas les opinions”.
Les raccords
Au fur et à mesure de la progression du film, les scènes, puis les plans semblent se répondrent et participer d’une même continuité. Ainsi on passe « cut » de la représentation chorégraphique donnée par Sanabel et Kayan (filmée comme un spectacle) à la partie de Volley-ball (filmée comme un reportage), en faisant le raccord sur les spectateurs (drapeau d’un côté, mitraillette de l’autre : peut-on dire plus clairement que la revendication nationaliste palestinienne est une menace pour Israël). Bien d’autres séquences se répondront de cette façon.
Faraj vient de finir sa course. Battu, il pleure, en gros plan : raccord en plan rapproché sur Daniel qui semble lui répondre directement (en fait à une information donnée par B. Z que l’on ne voit ni n’entend). Puis contrechamp sur Yarko qui semble répondre à Daniel (qui, en fait, répond à B. Z.). Ainsi par l’entremise d’artifices de montage s’instaure un véritable dialogue dans lequel B. Z. tient une fonction d’allocutaire virtuel.
Du documentaire à la fiction
Plusieurs séquences montrent des activités ou des manifestations collectives à la façon d’un reportage : une “école coranique”, une “manifestation palestinienne”, la “commémoration des morts israéliens”, la “journée de Jérusalem”, etc. Puis dans ces moments de nature documentaires, vont s’inscrire les personnages de fiction. Ainsi découvrons-nous Mahmoud dans l’école, Faraj et Sanabel dans la foule arabe, les jumeaux parmi les participants de la cérémonie, Mahmoud à Jérusalem… Une façon de faire tomber les barrières entre la vision documentaire qui filme des événements publics dont elle n’est pas à l’initiative et le regard plus subjectif qui révèle la personnalité des enfants.
Et c’est bien cette curiosité que chaque enfant a pu susciter chez l’autre qui a permis que les préventions aient pu être dépassées et l’improbable rencontre avoir lieu.
Dès lors, la caméra fait de cette fiction le sujet de son reportage. Elle se rend complice de la joie des enfants autour du repas (comme du sentiment de vacuité qui passe furtivement sur le visage de Yarko), des jeux sportifs qui semblent exorciser leurs arrière-plans guerriers, des pas de danse que partagent l’Israélien B. Z et la Palestinienne Sanabel. Puis elle devient instrument de témoignage des premiers dialogues que l’arrivée des interprètes a rendu possibles. Et reste fixe sur Faraj et Yarko, comme s’il importait avant tout de ne pas rompre ce moment de grâce, aussi éphémère qu’il aura été.
Jacques Petat
Un petit miracle
“Au début du film, un pneu en flammes roule interminablement. Vers la fin, la même image dit l’exaspérante routine d’un conflit dont on ne voit pas la fin. Mais entre les deux, un petit miracle s’est produit. […]
Le réalisateur réussit à mettre quelques-uns de ces gamins ensemble, la curiosité naturelle des enfants et le foot feront le reste. Une amitié naît, timide, mais qui ne demande qu’à s’épanouir. Et l’on s’aperçoit que les horreurs qu’on a entendues dans leur bouche tout au long du film étaient des horreurs d’emprunt. C’est Faraj, qui a exprimé son désir de tuer de l’Israélien et qui s’est montré le plus réticent à en rencontrer, qui se montrera le plus acharné à maintenir le contact. En attendant, chez lui, dans sa bicoque du camp de Deheiché, en présence de ses nouveaux amis, il pleure amèrement à l’idée que le départ proche du cinéaste-passeur brisera l’amitié naissante avec Yarko et Daniel, ses deux potes israéliens. Et le spectateur, la gorge nouée, se met à espérer absurdement qu’il n’en sera rien.”
Élie Barnavi, Ambassadeur d’Israël en France, Paris, mars 2002.
Une lueur d’espoir pour l’avenir
“Laïcs ou religieux, extrémistes ou modérés, la parole de ces enfants établit la frontière entre eux, non dans leurs origines nationales respectives, mais dans leur capacité de “voir” l’Autre, de l’intégrer dans leur vision d’avenir, dans l’espace du pays qui les réunit et qui les sépare. Le film ne tente à aucun moment de simplifier les choses, au contraire, il nous restitue la complexité et la difficulté pour ces enfants de sortir du ghetto-cocon-tribu dans lequel ils vivent malgré eux. […]
Ce n’est pas facile ni simple et le film n’essaie pas de l’occulter. Le poids du monde des adultes, de la culture, de la religion, du choix idéologique des parents, de l’éducation vécue à la maison et dans le milieu social pèsent lourd. Aucune illusion n’est faussement entretenue sur la rencontre possible ou impossible. Même lorsqu’elle a lieu entre Yarko et Daniel, les jumeaux israéliens et Faraj et Sanabel, les réfugiés palestiniens, elle reste limitée dans le temps et l’espace. Elle ne peut transgresser tous les tabous, les obstacles du monde des adultes. Mais c’est un pas de fait vers l’autre, un précédent qui montre que c’est possible si on le veut vraiment, et surtout c’est une lueur d’espoir pour l’avenir.
En ce sens, Promesses n’est pas seulement un film sur les enfants israéliens et palestiniens mais sur tous ceux que séparent la méfiance et la peur, le racisme et l’ethnocentrisme, la déshumanisation de l’autre et sa diabolisation, la souffrance et la douleur perçue comme une expérience unique à soi. En ce sens Promesses porte un message universel dans lequel se reconnaîtront beaucoup d’enfants piégés par les guerres, mais aussi par l’exclusion et le rejet de l’Autre de Jérusalem à Gaza, des banlieues de Marseille à celles de Paris. Je souhaite profondément que ces paroles israéliennes et palestiniennes d’enfants de là-bas trouvent leur écho aussi ici.”
Leila Shahid, Déléguée générale de Palestine en France, Gaza, mars 2002.
Une contribution importante
“Le film, sobrement pédagogique, révèle patiemment le poids écrasant du déterminisme familial, chaque gamin reproduisant ce qui n’est pas étonnant, les a priori et autres crispations de leurs aînés. Une brève rencontre entre tous les mômes, provoquée par les réalisateurs, ouvre une petite brèche d’espoir et tend à démontrer que le dialogue entre Juifs et Palestiniens n’est pas impossible. Mais les initiateurs du projet, honnêtes et rétifs à toute manipulation, ne s’adonnent aucunement au happy end hors sujet. Ce beau film littéralement dramatique, constitue de ce fait une contribution importante à la compréhension du conflit au Moyen-Orient. Excellent antidote aux reportages cathodiques si souvent réducteurs consacrés à la question.”
Olivier de Bruyn, Positif, n° 495, Mai 2002.
Pistes de travail
Classer les différents enfants en fonction de leur lieu d’habitation, leur ethnie, leur religion, la date d’implantation de leur famille.
En quoi leurs opinions sont-elles dépendantes de ces catégories ? Certains échappent-ils à ce déterminisme ? Lesquels ?
De qui souhaiteriez-vous vous faire un copain ? Noter par un système de cotation (+/-) le degré de sympathie que vous éprouvez pour chacun des personnages, confronter, expliquer. Quel rôle joue le cadrage ou le montage dans cette appréciation ?
Votre opinion sur tel ou tel personnage a-t-elle changé au cours du film ? Pourquoi ?
Que sont devenus ces enfants après le film ?
Essayer de définir le mot documentaire, en fonction de votre connaissance de ce mot ?
Penser à l’expérience que les enfants peuvent avoir de “la vie des animaux”, sujet type de film documentaire. En définir quelques caractéristiques.
En quoi Promesses est-il un documentaire ?
En quoi ne l’est-il pas ? Réfléchir à la dernière phrase de Yarko d’adressant à B. Z. Goldberg : “Tu m’as demandé de répondre en tant qu’Israélien”.
Pointer sur une carte les différents lieux où se situe l’action. Tracer les déplacements de l’équipe de tournage et des enfants. Expliquer cet ordre. Quête personnelle de B. Z. Goldberg.
Expérience : prendre une scène avec un personnage isolé. Demander à un groupe d’élèves de noter leurs réactions personnelles. Puis montrer ce qui a précédé et ce qui a suivi. Faire noter (par un autre groupe) les réactions. Comparer . Montrer et réfléchir sur le rôle du montage.
La rencontre à Deheishe : en quoi la façon de filmer change-t-elle ? Quelle place occupe alors BZ ? À quelle place le spectateur est-il convié ?
En quoi l’intérêt que les réalisateurs ont pu susciter pour ces personnages, est-il un facteur de compréhension et de paix ?
Qu’est-ce que le sionisme ? Dans quels pays cette idée est-elle née ? Pourquoi ?
Expliquer les raisons qui ont amené les puissances occidentales à accéder à la demande du mouvement sioniste ? En 1917 ? En 1947 ?
À travers les jumeaux et leur origine familial , expliquer les traits originaux de l’État d’Israël. Ses difficultés.
À travers Sanabel, Faraj et sa grand-mère, expliquer l’évolution du peuple palestinien d’abord “objet” de guerres menées en son nom par les puissances arabes, puis contraint à exiger une reconnaissance politique par ses seules forces.
Fiche mise à jour le 29 septembre 2004
Fiche réalisée par Jacques Petat et Francis Delattre
Expériences
Le Sionisme
En 1880, cinq millions de Juifs résident en Russie, soit la moitié de la population juive mondiale. Après l’assassinat du tsar Alexandre II, une vague de pogroms s’abat sur les juifs russes. “Les Amants de Sion”, l’un des groupements de penseurs du judaïsme, fait germer l’idée que la survie des Juifs nécessite la reconstruction d’une patrie en Palestine.
Le journaliste austro-hongrois, Théodore Herzl (1860-1904), parviendra à donner force et efficacité à cette idée. Il publie en 1896 L’État juif, essai d’une solution moderne de la question juive. Les progrès de l’antisémitisme en Europe et particulièrement l’affaire Dreyfus qu’il a suivie à Paris, en tant que correspondant du grand journal viennois Neue Freie Presse (se reporter au chapitre que Stephan Zweig lui a consacré dans Le Monde d’hier. Souvenirs d’un Européen, 1942), l’avaient convaincu que seul un État doté d’un territoire apporterait la sécurité qui faisait tant défaut au peuple juif. Herzl n’était pas un ardent partisan du choix de la Palestine comme lieu d’implantation du futur État juif. Mais lors du congrès sioniste de 1897 réuni à Bâle, ce sont les délégués de Russie qui, en lui apportant un soutien in extremis, permirent le vote instituant l’OSM (Organisation sioniste mondiale) qui revendiquait la création d’un foyer juif en Palestine, reconnu publiquement et garanti juridiquement.
Israël
Créé en 1947, par une décision de l’ONU, Israël est un État atypique.
Seul exemple dans l’histoire, de reconstitution d’un peuple privé de territoire depuis deux mille ans, il est majoritairement peuplé à force d’immigrations massives. Il est doté d’une législation moderne, bien qu’intégrant des principes vieux de trois mille ans. Il est dirigé par un parlement et un gouvernement élus démocratiquement dans un environnement traditionnellement autocratique.
Bénéficiant d’importants investissements extérieurs, il est parvenu à un haut degré de développement économique, sur un territoire relativement exigu et en majeure partie désertique.
Paradoxalement, alors qu’Israël tend à devenir un État “comme les autres”, les clivages qui le traversent ne font que se renforcer.
La question religieuse
Pour les partisans d’un État juif, Israël doit se singulariser par le maintien des valeurs spécifiquement juives, essentiellement de caractère religieux.
Pour les tenants de l’État des Juifs, dans la lignée des sionistes, notamment Herzl, l’État a pour vocation première d’être un refuge pour les Juifs persécutés, mais sans avoir à développer des caractéristiques culturelles particulières.
Sans être un État théologique, Israël accorde à la religion et aux religieux, une place particulière relativement importante. Les gouvernements successifs se sont servis de la religion comme ciment de la nation. Les partis politiques d’obédience religieuse joueront très souvent un rôle charnière déterminant.
La question territoriale
À droite, selon les défenseurs du Grand Israël, il serait sacrilège d’évacuer tout ou partie des territoires “annexés” (Golan et Jérusalem-Est) et “administrés”(Cisjordanie et Gaza). La gauche accepte un compromis. Soit la restitution d’une partie des territoires “occupés” à la Cisjordanie de Hussein, soit la création d’un État palestinien (thèse d’extrême gauche).
Les minorités
Un Israélien sur six est Arabe (1 million d’Arabes sur 6 millions d’habitants). Parmi les Arabes, on compte 80 % de musulmans et 20 % de chrétiens. Il existe également une petite communauté d’un peu moins de cent mille Druzes.
Relations extérieures
La politique israélienne est entièrement dominée par le problème de sa sécurité et des relations avec les pays arabes voisins. L’histoire d’Israël est avant tout l’histoire de ses guerres.
– Consécutivement à la « Guerre de l’Indépendance” (1948-1949), quelques 750 000 Palestiniens doivent se réfugier dans des camps.
– Se sentant menacé du côté syrien comme du côté égyptien (envoi de troupes dans le Sinaï), Israël déclenche « Guerre des Six-Jours » (1967) l’offensive qui provoque l’effondrement total des armées arabes. L’aviation égyptienne est détruite au sol le premier jour, le Sinaï conquis en deux jours. Hussein de Jordanie, malgré l’avertissement d’Israël commet l’erreur d’ouvrir le feu à Jérusalem : la Cisjordanie est conquise en trois jours. Au cours des deux derniers jours, la troupe escalade le Golan et met fin aux bombardements qui harcelaient les colonies de la Haute Galilée. Les pertes sont très lourdes côté arabe (environ 6 000 Jordaniens, 20 000 Égyptiens). Côté israélien, on dénombre plus de 800 morts dont 200 à Jérusalem). Près de 200 000 Palestiniens quittent la Cisjordanie. Les implantations de colonies juives en territoires palestiniens sont favorisées et deviennent un objectif idéologique et stratégique, visant à établir un peuplement juif disséminé sur l’ensemble des territoires palestiniens.
Palestine
Les sommets arabes de 1964 favorisent la création de l’OLP, Organisation de libération de la Palestine, sous l’autorité de Nasser. Mais en 1967, l’Egypte ayant perdu la guerre des Six-Jours, le Fatah et le FPLP prennent le contrôle de l’OLP.
Israël occupe alors la totalité des territoires de la Palestine de l’époque du mandat britannique. Les combattants palestiniens se sont installés et armés dans les pays arabes voisins.
Lors du sommet arabe d’Alger en 1973, l’OLP est admise comme seule représentante du peuple Palestinien. L’ONU reconnaît le droit des Palestiniens à l’indépendance et à l’autodétermination. L’OLP obtient le statut d’observateur.
Intifada : le soulèvement populaire
Isolé de ses dirigeants, le peuple palestinien se révolte et harcèle l’armée à coups de jets de pierres et de cocktails Molotov. Cette première Intifada (1987-1993) débute à Gaza, puis s’étend à la Cisjordanie. C’est le commencement d’un affrontement direct et spontané du peuple palestinien avec le gouvernement israélien.
En 1988, lors du XIXe Conseil national palestinien, l’OLP est prête à instaurer une “autorité nationale indépendante” sur un État Gaza- Cisjordanie en bon voisinage avec Israël, ce qui vaut reconnaissance implicite d’Israël.
Les Accords d’Oslo (1992)
Des négociations secrètes entre Israël et l’OLP (lettres de reconnaissance mutuelle) aboutissent aux Accords d’Oslo signés à Washington. Ils prévoient une autonomie palestinienne progressive sur les territoires de Cisjordanie et Gaza, et un règlement définitif du conflit à l’issue d’une période de cinq ans.
En 1996, Yasser Arafat est élu Président de l’Autorité Palestinienne. Le Conseil national palestinien retire de sa charte tous les articles niant le droit à l’existence d’Israël. Comme lors de chaque avancée vers la paix, on assiste à une recrudescence des affrontements (attentats du Hamas, intervention israélienne au sud Liban contre le Hezbollah).Les armistices signés avec chacun des États arabes belligérants ont effacé les frontières de 1948.
Situation actuelle
Le peuple palestinien se trouve réparti dans différents territoires :
– L’État d’Israël pour environ 1 million d’entre eux.
– La Cisjordanie, territoire “administré” par Israël, pour 1,6 million (dont un tiers vit dans 19 camps)
– La bande Gaza, territoire “administré”, pour 1 million (dont la moitié vit dans 8 camps) – Golan et Jérusalem-Est, territoires “annexés”.
Beaucoup de Palestiniens ont émigré vers les autres pays voisins, au Liban (370 000 dont 200 000 dans 12 camps), en Syrie (375 000 dont 110 000 dans 10 camps). L’ensemble de la population palestinienne à travers le monde est estimé à 4 millions de personnes.
Outils
Bibliographie
Le documentaire, l’autre face du cinéma, Jean Breschand, Ed. Cahiers Du Cinéma / Les Petits Cahiers / Scérén - Cndp 2003
Le regard documentaire, Jean-Paul Colleyn, Ed. Centre Georges Pompidou / Supplémentaires, 1993
L'épreuve du réel à l’écran / Essai sur le principe de réalité documentaire, François Niney, Ed. De Boeck Arts Cinéma 2002
Le Proche-Orient et l'Egypte antiques, Jean-Claude Margueron et Luc Pfirsch, Ed. Hachette, Paris, 2001.
Israël, Palestine : vérités sur un conflit, Alain Gresh, Ed. Hachette Littérature, Paris, 2003.
Aborde l’histoire du conflit israélo-palestinien depuis la naissance du sionisme jusqu’à aujourd’hui.
Atlas historique d’Israël 1948-1998, Ed. Autrement, Paris 1998.
Israéliens et Palestiniens : la guerre en partage , Alain Dieckhoff, Rémy Leveau Ed. Balland, Paris, 2003.
Vidéographie
Promesses, distribution ADAV, Réf 65362
Promesses, Edition Montparnasse, (réservé au strict cadre familial)
Palestine, Palestine, de Dominique Dubosc (2001)
Une tournée de marionnettes en territoires palestiniens, dont le camp de Deheishe. Disponible au CNC, “Images de la culture” (T. 01 44 34 35 05)
Route 181, de Eyal Sivan et Michel Khleifi
Un road-movie à la frontière israélo-palestinienne, du Nord au Sud.
Kedma d'Amos Gitaï (2001)
En 1948, à quelques jours de la proclamation d'Israël, le Kedma, un cargo chargé d'immigrants juifs rescapés de la Shoah fait route vers la Palestine...
Web
www.promisesproject.org/