Soyez sympas, rembobinez

États-Unis (2008)

Genre : Comédie

Écriture cinématographique : Fiction

Collège au cinéma 2017-2018, Lycéens et apprentis au cinéma 2013-2014

Synopsis

Jerry, mécanicien obsédé par la peur des ondes, partage ses journées entre la caravane qui lui sert de toit et le vidéo club old school dans lequel travaille son pote Mike. Après avoir tenté de saboter la centrale électrique qui dessert la ville, Jerry se retrouve doté d’un pouvoir magnétique aux conséquences désastreuses : il efface, sans le vouloir, l’intégralité des K7 vidéo louées par Mike ! Pour remédier à la catastrophe, et satisfaire les rares clients qui font encore tourner la boutique, les deux amis décident de réaliser leur propre version des films perdus. Ces films bricolés prennent le nom de « films suédés ». Contre toute attente, l’initiative rencontre un tel succès auprès des habitants de la ville que l’ensemble de la petite communauté s’investit bientôt dans le projet.

Distribution

Jack Black / Jerry
Mos Def / Mike
Danny Glover / Mr Fletcher
Mia Farrow / Miss Falewicz
Melonie Diaz / Alma

Générique

Titre original : Be kind rewind
Réalisation : Michel Gondry
Scénario : Michel Gondry
Image : Ellen Kuras
Musique : Jean-Michel Bernard
Son : Pawel Wdowczak
Montage : Jeff Buchanan
Décors : Dan Leigh
Production : Partizan Films, Junkyard productions
Distribution : EuropaCorp distribution
Couleurs
Durée : 1h39
Sortie en France : 5 mars 2008

Autour du film

Enfant prodige du vidéoclip devenu ces dernières années la nouvelle coqueluche du cinéma indépendant américain, Michel Gondry, 43 ans, donne l’impression de se tenir devant le cinéma comme un enfant devant un immense coffre à jouets. Avec Soyez sympa, rembobinez, comédie complètement déjantée, le cinéaste français bascule de la fantaisie théorique acidulée qui caractérisait Eternal Sunshine of The Spotless Mind, ou La Science des rêves, à un burlesque follement original, alliant outrance et finesse, maîtrise et improvisation, avec une maestria à couper le souffle.

Le film s’ouvre avec un petit film en noir et blanc dont on ne sait pas bien si c’est du lard ou du cochon, une sorte de faux documentaire amateur retraçant la vie du jazzman Fats Waller qui aurait grandi dans une petite ville du New Jersey. Sans quitter la bourgade, on bascule après quelques minutes dans l’ère contemporaine, et dans la couleur, pour découvrir, au pied de l’immeuble de Fats Waller, un vieux vidéoclub de quartier dans lequel les cassettes résistent au DVD, et dont le patron, Mr. Fletcher (Danny Glover), cultive religieusement la légende du musicien.

Lorsqu’il apprend que la mairie a prévu de raser le bâtiment pour construire à la place une résidence pour riches, le vieux Fletcher décide d’élaborer une contre-attaque et confie temporairement les clés de la boutique à son employé, Mike (le rappeur Mos Def). Dévoué à un patron qui lui a tout appris, le jeune homme a un défaut majeur : son ami Jerry (Jack Black, plus frappé que jamais), une sorte d’illuminé caractériel, obsédé par les effets conjugués des ondes et d’un complot planétaire, qui dort dans une caravane avec une passoire sur la tête. Le jour du départ de Mr. Fletcher, il se lance, armé d’un arsenal artisanal baroque, à l’assaut de la centrale électrique locale pour la saboter.

UNIVERS LOUFOQUE

L’opération tourne bien sûr au fiasco, et Jerry finit foudroyé – mais pas mort. Marchant comme un robot désarticulé, il revient au vidéoclub, agresse les clients sans raison et provoque malgré lui, en raison de la charge d’électricité qu’il trimbale, une catastrophe irrémédiable : l’effacement du contenu de toutes les cassettes de la boutique. A ce stade, on est bien installé dans un univers complètement loufoque, charpenté par une magnifique alchimie entre le génie burlesque de Jack Black, un art du collage teinté de surréalisme, et une maîtrise du rythme qui permet d’articuler ces deux registres comiques à la perfection.

Rongés par le remords et la peur de se faire taper sur les doigts, Jerry et Mike décident, lorsque la prochaine cliente leur demande une cassette de SOS Fantômes, de refaire eux-mêmes le film avec les moyens du bord et propulsent l’action dans une dimension plus absurde encore tout en offrant au spectateur une des scènes de cinéma les plus drôles de ces dix dernières années.

De mémoire, dans les couloirs de la bibliothèque municipale, avec une vieille caméra vidéo et les accessoires qui leur tombent sous la main (guirlandes de Noël, extincteurs, matière gluante indéfinissable…), ils recréent en une demi-journée quelques scènes de ce blockbuster, suivant le principe de mise en scène édicté par Jerry : « Je fais Bill Murray, tu fais tous les autres personnages !« 

Suivent, dans le désordre, Rush Hour 2, Robocop, Le Roi Lion, When we were kings, 2001 : l’Odyssée de l’espace, King Kong, et d’autres encore, au fur et à mesure des demandes des clients. A la surprise de leurs auteurs, ces films « suédés » – mot insensé inventé pour l’occasion – suscitent l’engouement et, alors que la petite affaire de Mr. Fletcher était en perdition, menacée de cannibalisation par l’immense chaîne de magasins de DVD concurrente, elle devient inopinément l’attraction. Dans le même mouvement, cette petite bourgade sans caractère, noyée dans l’ombre de New York, devient le cœur d’une nouvelle mythologie fondée sur une culture de masse consommable depuis son écran de télévision.

Pétris d’un esprit bon enfant et politiquement correct (au bon sens du terme), les gags s’enchaînent dans un tourbillon de cinéphagie potache et d’improvisations débridées. Mike refuse de participer à un remake de Miss Daisy et son chauffeur, parce qu’il juge le film un peu trop paternaliste ; Sigourney Weaver, la démente « cerbère de la porte » de SOS Fantômes, intervient sous les traits d’une représentante des studios hollywoodiens pour détruire l’intégralité des films « suédés »…

Soyez sympas, rembobinez, dont le titre américain, Be Kind, Rewind, infiniment mieux senti, fait référence à la phrase type inscrite sur les cassettes vidéo de location, prône la bricole contre la standardisation aseptisée, la transmission contre la déculturation mondialisée. Célébration de l’enfance et de ses puissances créatrices, il est, de tous les films de son auteur, celui qui s’abandonne le plus librement à la croyance dans le cinéma.

Isabelle Regnier / Le Monde 4 mars 2008

Vidéos

Bienvenue à Passaic, New Jersey

Catégorie :

L’ouverture de Soyez sympas rembobinez permet très classiquement d’amener le spectateur à la rencontre des personnages principaux et de leur environnement pendant que se déroule le générique. En trois temps, elle délivre sans en avoir l’air les clés essentielles du film qui commence. Le choix d’ouvrir sur les images tournées par les habitants de Passaic, celui d’un complexe mouvement aérien de caméra ou le dévoilement du principe qui unit les premiers éléments de comédie permettent de poser les enjeux du récit et de la mise en scène : la réinvention de la communauté, l’exclusion sociale, la capacité de croyance ou la tendance à la simulation.


Cette vidéo a été conçue en complémentarité avec les rubriques « Récit » et « Mise en scène » du livret enseignant Lycéens et apprentis au cinéma.

Outils

Le site du réalisateur
www.michelgondry.com    

Projet "L'usine de films amateurs"
www.usinedefilmsamateurs.com

Quelques astuces pour réaliser un film suédé
festisuede.la-filoche.fr/files/trucs&astucess.pdf
cinemacity.arte.tv/news/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-le-suede/

Tous les ans, un concours de films suédés proposé par Arte
http://cinema.arte.tv/fr/magazine/court-circuit/concours

Vidéos sur Transmettre le Cinéma, pour aller plus loin
"Réaliser un film avec son smartphone"